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DE LA LITTÉRATURE AUX ÉTATS-UNIS.

journée de ta vie ? Si ta main s’est ouverte, si ton cœur s’est livré à la pitié ; si la pénitence a mortifié ton ame, et que les éloquentes voix de la nature t’aient révélé leurs saints mystères ; si ta sympathie s’est associée à ce qui est humble, à ce qui est grand ; — ces souvenirs, enfant, calmeront ta lassitude ; ces souvenirs auront pour toi des charmes ; tu verras la nuit venir ; — et tu ne trembleras pas, et, paisible comme aujourd’hui, tu t’endormiras sur le sein maternel ! »


Le sujet traité par Percival, dans le morceau suivant, prêtait à l’expression la plus pathétique.

La Femme abandonnée.

« Il ne vient pas ; la lune est descendue dans le ciel ; je veille toujours ; il ne vient pas.

« Ah ! ce ne fut pas toujours ainsi. Pendant que son orgie l’entraîne et l’enivre dans la ville voisine, il oublie que je pleure ici, que je pleure amèrement. Quand il viendra, sa voix sera dure et grondante ; je pleurerai encore, et mon enfant, qui s’éveillera dans son berceau, mêlera sa faible voix à mes larmes. Veiller là, sur ce berceau, veiller en mère sur ces petites paupières closes, c’est le dernier délice de mon cœur désespéré.

« J’avais un époux autrefois ; je n’en ai plus ; la colère est toujours sur son visage ; il boit le poison d’une volonté fatale sur les lèvres d’une femme sans mœurs, comme l’abeille s’enivre du venin que renferme la feuille du laurier. Je ne puis le haïr, pourtant ! Ah ! que sont devenues les heures où mon regard ne se détachait pas du sien ! — Je l’aimais tant ! — il m’aimait aussi ! La marche silencieuse des heures semait de fleurs toute notre vie. Qu’il revienne ! qu’il sourie seulement ; mon cœur se rajeunira, et toute ma tendresse va se réveiller.»


Cette pièce est touchante ; elle est bien, sans être mieux ; et, au milieu d’une naïveté qui plaît, on y cherche en vain la trace ardente du génie.


Mais citons un morceau plus énergique ; un petit conte écrit en