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PORTRAITS DE ROME.

merveilleusement des effets pittoresques et mélancoliques qui se reproduisent souvent dans les ruines de Rome.

« Autour de moi, à travers les arcades des ruines, s’ouvraient des points de vue sur la campagne romaine : des buissons de sureau remplissaient les salles désertes, où venaient se réfugier quelques merles solitaires ; les fragmens de maçonnerie étaient tapissés de feuilles de scolopendre, dont la verdure satinée se dessinait comme un travail en mosaïque sur la blancheur des marbres. Çà et là de hauts cyprès remplaçaient les colonnes tombées dans ces palais de la mort. L’acanthe sauvage rampait à leurs pieds sur des débris, comme si la nature s’était plu à reproduire sur ces chefs-d’œuvre mutilés de l’architecture, l’ornement de leur beauté passée ; les salles diverses, et les sommités des ruines, ressemblaient à des corbeilles et à des bouquets de verdure ; le vent en agitait les guirlandes humides, et les plantes s’inclinaient sous la pluie du ciel.»

Mais ce ne sont pas seulement les ruines proprement dites dont l’admirable écrivain a pleinement rendu la physionomie et le caractère. Cette autre poésie de Rome plus intime, et qui ne se manifeste qu’à ceux qui la considèrent de plus près et avec plus d’amour, la poésie des lieux solitaires, des rues désertes, des cloîtres vides, cette poésie n’a pas été perdue pour lui, et à côté d’une description du Colysée éclairé par la lune, elle lui dicte les paroles suivantes ; je les tire d’une lettre moins connue que la magnifique lettre à M. de Fontanes.

« Rome sommeille au milieu de ses ruines ; cet astre de la nuit, globe que l’on suppose un monde fini et dépeuplé, promène ses pâles solitudes au-dessus des solitudes de Rome ; il éclaire des rues sans habitans, des endos, des plans, des jardins où il ne passe personne ; des monastères où on n’entend plus la voix des cénobites ; des cloîtres qui sont aussi déserts que les portiques du Colysée. »

Voilà pour le charme des ruines, pour l’abandon et le silence des lieux ; quant à la campagne romaine, il est reconnu que personne n’en a rien dit qui égale certains passages de la lettre à M. de Fontanes, dont je parlais tout à l’heure. C’est ici surtout que le