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attendrissantes, on pense malgré soi au Tasse, mort à Rome encore plus malheureux. Au milieu de ces soins touchans du grand homme pour ses pauvres parens des Andelys, qu’il y a d’amertume dans cette ligne, la seule qu’il ait jamais écrite sur Rome !… « Étranger et sans amis, car dans cette ville il ne s’en trouve point… »

Il est fâcheux, pour la gloire du burlesque, que Scarron n’ait pas écrit son voyage à Rome. Le burlesque tire les effets qu’il produit de l’opposition qu’il fait ressortir entre la grandeur du fond et la trivialité de la forme. Nul sujet ne se prêtait mieux que Rome à un pareil contraste. On ne pouvait bouffonner sur un thème plus sublime. Mais en 1634, quand Scarron fit le voyage, il n’était pas encore en possession du burlesque qu’il rapporta d’Italie ; si plus tard il a donné un souvenir aux ruines des temples romains et du Colysée, c’est dans le fameux sonnet :


Vieux palais ruinés, chefs-d’œuvre des Romains,
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colysée où souvent ces peuples inhumains
De s’entr’assassiner se donnaient tablature,
Par l’injure des ans vous êtes abolis,
Ou du moins la plupart vous êtes démolis :
Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude.
Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir,
Dois-je trouver mauvais qu’un méchant pourpoint noir,
Qui m’a duré deux ans, soit troué par le coude ?


Le seul représentant du siècle classique, dans la ville classique par excellence, fut, je l’ai dit, le sémillant et plat chansonnier à qui les belles villa de Rome inspiraient le madrigal suivant :


Plus je vous vois, plus je vous considère,
Et plus, touché de vos charmes divers,
Je soutiens que vos gazons verts,
Sont préparés par le fils de Cythère,
Pour l’ornement de ce vaste univers.


Et qui trouvait, en présence des monumens romains, ces beaux couplets :