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REVUE DES DEUX MONDES.

Nous laisserons aux journaux quotidiens le soin d’enregistrer les débats du procès de M. de la Roncière, qui ont débuté par des dépositions accablantes pour l’accusé.

A tour on the Prairies (Excursion dans les Prairies), par Washington Irving[1].

« Dans les régions tant vantées de l’extrémité occidentale de l’Amérique du Nord, à plusieurs centaines de milles au-delà du Mississipi, s’étendent de vastes plaines sans culture et sans habitans, où n’ont jamais été construits ni le manoir de l’homme blanc ni la hutte du sauvage. Ces plaines, d’une merveilleuse fertilité, sont entrecoupées de forêts, de bosquets, d’entassemens confus de productions végétales, et baignées par les Arkansas, le Grand-Canadien et la Rivière-Rouge, que forment une multitude de sources. Sur ce sol désert, mais chargé de verdure, errent encore en pleine liberté l’élan, le buffle et le cheval sauvage. C’est là que quelques tribus de l’ouest se répandent dans leurs excursions de chasse ; c’est là que les Osages, les Creceks, les Delawares, et la plupart des familles indiennes qui participent à une demi-civilisation, cherchent parfois une retraite, dans le voisinage des terres cultivées par les Européens. D’autres tribus farouches, telles que les Pawnees et les Comanches, hôtes nomades des Prairies, et quelques hordes issues des contrées les plus escarpées des montagnes Rocheuses, parcourent aussi ce territoire, dont la possession exclusive est convoitée par chacune d’elles. De là naît une rivalité terrible qui se résout constamment en guerres et en actes de vengeance. La crainte incessante du danger est, pour toutes ces tribus, un obstacle à la formation d’une habitation permanente dans ces champs. Leurs chasseurs et leurs braves s’y répandent en corps nombreux, pendant la saison de la chasse, et fixent çà et là des camps mobiles, qu’ils forment avec des branches d’arbres et des peaux d’animaux. Ces expéditions ont toujours un caractère guerrier. Les chasseurs, armés pour l’attaque comme pour la défense, sont obligés de vivre dans une anxiété et une vigilance continuelles. S’ils rencontrent, dans leurs courses, des chasseurs d’une tribu rivale, un combat s’engage aussitôt. Leurs camps sont quelquefois envahis par des troupes armées, et, lorsque quelques-uns d’entre eux sont entraînés isolément à la poursuite du gibier, ils courent le risque d’être surpris et massacrés par des ennemis en embuscade. Des crânes fracassés et des squelettes humains, jetés au fond de quelque noir ravin, ou gisant près d’un ancien camp, attestent ces actes de carnage, et avertissent le voyageur du danger de sa marche. »

  1. Librairie européenne de Baudry, rue du Coq.