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tivement des bains minéraux de Tœplitz, non loin de Kalish, d’Ems, de Carlsbad, et de tous les lieux où va s’assembler préalablement la diplomatie européenne ; puis le repos lui deviendra nécessaire, et il ira le goûter à Vienne. On sait que M. de Talleyrand ne voyage jamais que pour sa santé.

Si l’on osait, on proposerait bien aussi un voyage d’outre-mer à M. de Talleyrand, ne fût-ce qu’une traversée du Hâvre à New-Yorck, car nos affaires avec l’Amérique prennent une tournure singulière. Les journaux américains et l’opinion publique se prononcent vertement sur l’amendement Valazé ; or le président Jackson n’a pas besoin d’être excité à nous traiter avec hauteur, et à refuser toute explication, toute espèce d’excuse. C’est au contraire, dit-il, la France qui nous doit une excuse, ou tout au moins une indemnité. — Que fera donc le ministère ? L’amendement est formel. L’honneur français veut une réparation, et la fierté américaine la refuse. Comment faire courber cette fierté ? Assurément, ce n’est pas le ministère actuel qui l’essaiera. La discussion qui a eu lieu dans les chambres a suffisamment révélé sa faiblesse, et cependant il lui eût été si facile de sauver la dignité du pays ! Nous ignorons s’il sait que l’apparition à New-Yorck du brick qui vint chercher notre envoyé, M. Serrurier, jeta l’effroi dans tout l’état, et que chacun se disposa à s’éloigner, à la seule idée de la présence d’une flotte française, dont on croyait déjà voir la mouche dans le léger bâtiment au pavillon tricolore, qui franchissait l’entrée de la rade. Aujourd’hui, le gouvernement de l’Union est fort de notre hésitation, et peut-être, après avoir obtenu toutes les satisfactions et tous les subsides qu’il demandait, nous forcera-t-il à des démonstrations violentes que le ministère nous eût épargnées avec un peu de noblesse et de patriotisme.

On a de singulières nouvelles de Prague dans les salons carlistes. Il s’agit d’un ordre ou d’une prière, comme on voudra, adressé par Charles x aux journaux royalistes qui s’attaquaient le plus vivement au roi Louis-Philippe. Le roi de Prague demande avec instance qu’on ménage son cousin de Paris, et il regarderait, dit-il, comme ses ennemis, ou du moins comme des amis insensés et maladroits, ceux qui n’obéiraient pas à cette invitation. Toute la famille royale actuelle est comprise dans cet acte de protection, qui donne lieu à des conjectures sans nombre. Celle qui paraît la plus vraisemblable donne, pour cause à cette demande, des services récens et indirects rendus à la famille exilée, qui avait éprouvé quelques embarras. Nous nous bornons à rapporter ces rumeurs, sans rien affirmer ni rien contredire, étrangers que nous sommes au parti au sein duquel on les a répandues.

Paris a été occupé, durant cette quinzaine, d’un grand nombre de pe-