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conservant les noms, les faits que leur léguait la tradition française ou anglaise, ils sont devenus germains par le fond de la pensée, par le style et le coloris,

Malheureusement, il faut bien le dire, dans cette occasion comme dans les autres, le professeur de la Sorbonne a fait défaut ; l’écrivain littéraire a manqué à sa tâche quand il s’agissait des richesses intellectuelles de l’Allemagne, comme l’écrivain politique s’était timidement effacé, avait gardé un prudent silence en présence de la monarchie de Metternich et des petites royautés que le ministre-roi tient en laisse. Il n’est resté que le touriste. M. Saint-Marc Girardin nous a donné son tour en Allemagne comme les dandies de Londres publient, à chaque saison d’hiver, leurs voyages de six semaines en Suisse, en Italie ou en Espagne. Les Notices politiques et littéraires sont exactement de la même force et de la même famille que ces innombrables livrets dont la librairie anglaise est inondée chaque année sous le titre de Sketches of Italy, Excursion in Spain, a Tour in India, my Sketch-Book, etc., etc., livres de Fashion, mais dont la Fashion anglaise fait au moins les frais, tant elle est convaincue que ces livres sans importance ne contiennent aucun enseignement utile ou nouveau. Ici seulement la différence des touristes anglais et du touriste français est bien marquée : le budget, dit-on, a généreusement défrayé M. Saint-Marc Girardin de ses deux excursions au-delà du Rhin. Nous souhaitons pour le budget que l’auteur ait rapporté de son tour en Allemagne un fruit meilleur que ses Notices politiques et littéraires.


F. de Lagenevais.