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NOTICES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES.

Les Récits et Contes divers ne sont qu’une pauvre compilation. M. Saint-Marc Girardin ne s’est pas même donné la peine de choisir les hypothèses les plus justes et les mieux fondées. Ainsi, par exemple, en parlant du Roman du Renard, il nous explique très longuement comment l’idée de cette fine satire du moyen-âge a été empruntée aux dissensions d’un duc de Lorraine avec son ministre, et cette assertion a été depuis long-temps détruite de fond en comble par les savans d’Allemagne, notamment par Grimm et Gervinus. Il est assez démontré aujourd’hui, à tout homme qui connaît un peu l’histoire de ce poème et les modifications qu’il a subies en passant d’un pays à l’autre, que ce ne peut être une satire locale restreinte dans les limites d’un petit état. C’était la satire de l’époque, la satire des vices du clergé et de l’ambition des grands qui opprimaient le peuple. De là vient que ce poème a joui d’une si grande popularité, et que la France, l’Allemagne, la Hollande, le Danemarck, l’Angleterre, l’ont tour à tour adopté.

Nous ajouterons sur l’origine de ce poème quelques mots que M. Saint-Marc Girardin n’a pas daigné nous dire.

Selon M. Grimm, ce poème a dû prendre naissance au ixe siècle dans la Flandre française. Il fut écrit en latin par un prêtre. C’est de cet ouvrage que procèdent tous ceux que nous connaissons, et le poème hollandais le Reinaart de Vos, de Willem, et le Roman du Renard, français, publié par M. Méon, et les poèmes en haut et bas allemand. Il existe encore sur cette fable du renard un ouvrage plus ancien : c’est le poème latin d’Isengrimus, découvert par Grimm il y a quelques années, et qui doit remonter au xie siècle. Les poèmes hollandais et français ne datent que du xiiie, et le poème en plat allemand du xve.

Le Voyage à travers les Vosges, pour arriver à Colmar, est loin de donner une idée satisfaisante des scènes tour à tour riantes et grandioses que présente l’aspect de ce pays. Si jamais vous l’avez parcouru par une belle matinée d’été, quand vos regards surpris découvrent d’un côté cette longue chaîne des Vosges, de l’autre, cette ligne bleuâtre de la Forêt-Noire, et, au milieu, cette plaine si vaste et si riche, traversée par le Rhin, quand le brouillard, qui pendait comme un voile au sommet des montagnes, se déchire tout à coup, et que là haut vous voyez poindre ces restes de manoirs, ces ruines de vieux châteaux dont le savant Schweighaüser nous a si bien redit l’antique histoire ; au milieu de ce silence de la vallée, dans cette pure atmosphère du matin, au pied de ces ruines imposantes, en face de ces jolies maisons de campagne, de ces prairies si vertes et si fraîches, de quelque côté que vos yeux se tournent, ils rencontrent de gracieux, de magnifiques tableaux. M.  Saint-