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NOTICES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES.

bien qui, s’abusant sur leur puissance et l’intérêt qu’ils réveillent, devancent l’âge et la renommée, et commencent la vie littéraire par où ils devraient la finir : moissonneurs hâtifs qui veulent faire la moisson avant que le blé n’ait jauni.

Depuis trois ou quatre ans surtout, la librairie française a émis sur la place toutes sortes de mélanges, Mélanges historiques, Mélanges politiques, Littérature et philosophie mêlées, etc., et tout récemment encore elle vient de nous donner des Mélanges historiques et littéraires où l’on prétend apprécier saint Augustin en huit pages, Grégoire de Tours en six, Théodore de Bèze en dix. Au moins l’auteur de ce dernier recueil a-t-il su, dans une spirituelle préface, se sauver du ridicule de cette résurrection en objectant l’usage et son libraire, qui a voulu recueillir ses mélanges. Et nous sommes bien disposés à le croire, car si nous connaissons malheureusement trop d’écrivains toujours prêts à signer n’importe quels livres, on trouve encore mieux des libraires toujours empressés à les publier. L’insatiable et ignorante librairie engloutit aujourd’hui toute sorte de pâtures : les nippes ou les embrions littéraires de tout ce qui a quelque renommée, comme les romans étiolés de ses jeunes hommes, jeunes en effet, car ils n’ont eu le temps de se faire ni pensée ni style. C’est ici le cas de dire que jamais, à aucune période de notre histoire littéraire, les voies qui conduisent au champ de la publicité ne furent plus larges, plus déblayées d’obstacles. N’est-ce donc pas à tort que certains jeunes gens, trop portés à s’abuser sur leur force, se plaignent de se voir étouffés, de manquer d’organes ? Eh ! messieurs, il ne faut qu’un peu de talent et de volonté pour se frayer sa route. Faites preuve tant soit peu de l’un et de l’autre, et la voix de la presse ne vous manquera pas.

Il y a peu d’années, un jeune homme professait les humanités ou la rhétorique dans un collége de Paris. Cette modeste chaire convenait peu à son ambition, car dès-lors il pensait à la députation et peut-être au ministère. Il ne brillait cependant ni par la science ni par les idées ; mais c’était un esprit fin, souple et délié, qui jugea tout d’abord qu’il y avait une route plus sûre, plus directe que le professorat, pour le conduire au but qu’il se proposait. La presse commençait à prendre les grands développemens que vous savez : il confia sa fortune à la presse, et il fit bien ; la presse a été magnifique avec lui et l’a richement doté. Quels si grands services lui a-t-il donc rendus ? Qu’a-t-il fait pour elle ? Une étude plus ingénieuse que profonde sur Beaumarchais ; un éloge de Bossuet, un mémoire équivoque sur la littérature du xvie siècle, qui l’un et l’autre lui valurent de partager un prix à l’Académie ; de piquans articles en forme de bulletins pour les combats de la rue Saint-Denis pendant le ministère Vil-