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DE LA DÉMOCRATIE AMÉRICAINE.

à trois cent mille lieues carrées, monotone fourmilière de cent cinquante millions de citoyens, égaux en droits, en égoïsme et en vulgarité ? Si nous admettons pour eux cette injurieuse conjecture, il n’existe aucune raison de la repousser pour nous et pour nos descendans.

La conciliation de la foi et de la science, de la liberté et de l’association, des droits individuels et des obligations sociales, de la souveraineté du peuple et de la souveraineté de la justice, du gouvernement et des gouvernés, des pauvres et des riches, de la propriété et de l’industrie, voilà les questions dont la poursuite nous rend si fiers et si malades. Il faut croire qu’elles seront un jour résolues, ou renoncer à tout espoir de bon ordre et de paix sur la terre.

Alors, la démocratie américaine, entraînée aussi par les mêmes nécessités qui nous pressent, devra peut-être au vieux monde cette couronne de vérités religieuses, de saintes vertus fraternelles et de gloires poétiques, unique prix des labeurs de la civilisation.


F. de Corcelle.