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DE
LA DÉMOCRATIE

AMÉRICAINE.


Deux prodigieuses puissances, la démocratie européenne et la démocratie des États-Unis, entraînent le monde occidental vers des destinées inconnues. L’une est née de la conquête, l’autre est arrivée tout d’un coup, par sa formation coloniale, aux salutaires pratiques d’une liberté sans exemple dans l’histoire. Leurs points de départ et leurs moyens sont différens ; leur but est semblable.

Que pouvait tenter la démocratie européenne sans entrer en lutte avec les possesseurs de son territoire ? Successivement servie et opprimée par la féodalité, l’église, la monarchie, il en est résulté qu’elle a sans cesse entrepris de refaire ses lois politiques et religieuses. Dans cette œuvre où la science et le gouvernement lui manquaient, ses idées, ses sentimens et ses mœurs, ont presque toujours été en désaccord. Combien elle a imaginé d’étranges détours pour se produire ! Dominée par des pouvoirs traditionnels, expérimentés et habiles, elle s’est formée à l’école de ses maîtres, s’est efforcée de les combattre avec leurs propres armes ; comme eux, enthousiaste et subtile, tour à tour orthodoxe, hérétique ou philo-