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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

Ces trois premiers actes nous ont montré surtout des caractères bien tracés et d’admirables peintures de mœurs ; les deux derniers se recommandent plutôt par la vivacité du dialogue et le comique des situations. C’est une scène plaisante que celle du désespoir des trois fourbes, désolés d’avoir volé une urne funéraire au lieu d’un trésor. L’inscription funèbre et surtout l’odeur des parfums les trompent. Quand ils ont bien gémi, ils tiennent conseil, et décident qu’ils n’ont rien de mieux à faire que de se venger de la perfidie du mort, en se moquant de la crédulité du vivant. Sardanapalus frappe à la porte et crie en grossissant sa voix, qu’on lui ouvre ; mais la porte est verrouillée : « ouvre, Querolus, ouvre, je suis ta Fortune ! Le devin t’a prédit mon retour, me voici. » Pendant que Querolus et ses valets accourent à la porte pour la barricader de plus en plus, Mandrogerus, aidé de Sycophanta, lance dans l’intérieur l’urne, par la fenêtre basse, qui a été décrite au premier acte ; puis ils se sauvent. Sardanapalus, resté seul, s’approche de la fenêtre pour jouir de la surprise et de l’effroi de Querolus et de ses gens. Mais qu’entend-il ? des exclamations et le son de l’or que l’on ramasse ; il voit que ce sont eux qui ont été dupes ; il court rejoindre ses compagnons pour n’être pas seul à déplorer ce malheur. Alors reparaît le dieu Lare qui vient faire comme l’épilogue de cette première partie de la pièce, et le prologue de celle qui va suivre. Le dieu, qui s’est fait l’avocat de la Providence, triomphe et finit son monologue par ces paroles qu’on croirait écrites sous la dictée d’un chrétien : « Que les hommes sachent donc maintenant qu’il est indifférent de perdre ou d’acquérir, si celui qui peut tout n’intervient pas. » Puis il annonce le plaisant embarras où va se trouver le fourbe, embarras qui remplira tout le cinquième acte.

En effet, Mandrogerus revient près de Querolus, muni du testament d’Euclion. Armé de ce titre, il redemande la moitié du trésor. Mais le testament ne le nomme cohéritier qu’à la condition de découvrir fidèlement le trésor à Querolus. Celui-ci somme donc Mandrogerus, en présence d’Arbiter, de lui remettre le trésor.

Mandrogerus.

C’est à toi plutôt d’apporter cet or… j’ai agi de bonne foi, je ne te demande qu’une partie de la somme, et j’aurais pu garder le tout !