C’était surtout des comédiennes du plus bas étage, minœ dictœ pedaneœ, qui remplissaient cet office. Quelquefois un ou plusieurs citharèdes chantaient en s’accompagnant des hymnes en l’honneur des dieux. Saint Chrysostôme, qui nous a conservé de précieux détails sur le luxe incroyable de ces festins nous apprend qu’en ces occasions le triclinium était rempli de chanteurs et de musiciens venus de l’Inde, de l’Arabie et de la Perse[1]. À la sollicitation du clergé chrétien, l’autorité civile chercha à poser des bornes aux désordres de ces représentations domestiques. Une loi de Théodose interdit à de certaines comédiennes, ou musiciennes, psaltriœ, l’entrée des maisons particulières et des banquets.
Les chrétiens eux-mêmes paraissent avoir conservé au ive siècle ces vieux usages. Le 54e canon du concile de Laodicée, tenu en 320, nous apprend que les pantomimes, thymelici, étaient admis aux repas, surtout les jours de noces. Ce canon prescrit aux prêtres et aux clercs de se lever de table avant l’arrivée de ces baladins.
Aux obsèques des riches, les comédiennes ou pleureuses, que l’on nommait prœfixœ, et qui figuraient aux funérailles dans l’antiquité grecque et romaine, étaient encore de mode au ive siècle. Ces femmes imitaient la douleur des parens ; de leurs bras nus elles s’arrachaient les cheveux et se meurtrissaient le sein et le visage. Saint Chrysostôme s’élève avec force contre les chrétiens qui conservaient ces pratiques.
Comme il ne nous reste aucun monument écrit de ces deux espèces de drame aristocratique, nous passerons rapidement sur ce sujet, ainsi que sur les tours de force ou d’adresse exécutés par les bateleurs populaires et ambulans, schœnobates ou funambules, cotylistes ou joueurs de gobelets, pétauristes ou voltigeurs, qui tantôt donnaient leurs représentations sur les théâtres des villes, tantôt dans les foires et sur les tréteaux des marchés. Nous
- ↑ Hom. l. iii epis. ad Coloss. Les tables des riches étaient couvertes de vases d’or et d’argent ; elles étaient demi-circulaires (en forme de sigma C) : nous voyons dans les peintures des catacombes plusieurs tables de cette forme qui servaient aux agapes. Au reste, l’usage de ces tables en fer-à-cheval, comme nous les appelons à présent, s’était conservé au moyen-âge. Nous en trouvons un exemple dans la tapisserie de Bayeux.