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efforts pour rouvrir les temples et relever dans la cité rivale de Constantinople l’autel abattu de la Victoire. Cette conjuration d’un patriotisme étroit et dévot, qui espérait repousser ainsi le flot des barbares, échoua devant le cosmopolisme plus élevé de saint Ambroise. Symmaque fut banni de Rome et de l’Italie.

Quant à l’idolâtrie du cirque et du théâtre, elle subsista à peu près intacte. Les jeux publics continuèrent d’être regardés comme un droit imprescriptible du peuple romain. Nous voyons même, sous les successeurs de Théodose, un décret d’Honorius adressé au proconsul d’Afrique Apollodore, dans lequel le maintien des anciens jeux est expressément ordonné : seulement l’empereur recommande de retrancher de ces plaisirs les sacrifices et les pratiques trop visiblement idolâtres. « Bien que nous ayons aboli les rites profanes, nous ne voulons pas toutefois détruire la joie publique, ni les assemblées que font les citoyens aux jours de fêtes. Nous ordonnons donc que ces plaisirs du peuple soient célébrés, selon les anciennes coutumes, et même avec les festins solennels, quand les vœux et les réjouissances le requerront, mais sans faire aucun sacrifice, ni pratiquer aucune superstition condamnable. »

Quelles étaient ces pratiques que l’église, au ive siècle, avait obtenu qu’on retranchât des jeux publics ?

Les plus importantes de ces réformes portaient sur les combats de gladiateurs. Constantin le premier avait essayé d’abolir cet horrible usage. Il avait défendu de condamner personne, et pour aucun délit, à la profession de gladiateur ; de plus il voulut qu’on n’admît aucun gladiateur volontaire. Cette double prescription aurait assuré l’abolition complète et rapide de cette institution barbare. Mais ces deux lois de Constantin ne reçurent pas d’exécution. Ce ne fut guère qu’un siècle plus tard, sous Honorius, en 404, que furent à peu près abolis les combats de gladiateurs. Je dis à peu près, car, au ve siècle, du temps de saint Augustin, et même encore au temps de Salvien, nous trouvons sinon de vrais spectacles de gladiateurs, c’est-à-dire des combats d’hommes contre des hommes, au moins des venationes, ou des combats d’hommes contre des bêtes[1].

  1. Voyez dans Baillet, tom. ier, p. 32 et suivantes, et dans Baronius à l’année