Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.
467
VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES.

plus avant que ceux-ci. Ces deux expéditions sont les dernières qui aient été entreprises jusqu’à nos jours dans cette direction.

En 1789, Mackenzie confirmait sur un autre point l’existence déjà établie par Hearne de la mer polaire occidentale, en découvrant la rivière qui a reçu son nom, et dont il suivit le cours jusque dans l’Océan boréal. Enfin, dans ce siècle, en 1816, le capitaine Kotzebue, pendant son expédition, organisée aux frais du comte Romanzoff, tenta également la fortune dans le détroit de Behring, mais sans pouvoir même atteindre le Cap des glaces de Cook.

Tel est le résumé succinct des tentatives faites à la recherche du passage nord-ouest, jusqu’à l’époque récente où le gouvernement anglais reprit, avec une nouvelle ardeur, ce projet qu’il avait abandonné depuis Cook. Nous avons dû passer sous silence les noms d’un grand nombre d’hommes qui ne paraissent pas sur le premier plan du tableau, mais qui, examinant scientifiquement la question, ne cessèrent de soutenir l’opinion publique, souvent découragée par tant d’efforts infructueux, et eurent la plus grande influence sur tout ce qui concerne ces entreprises. Tels furent récemment les Banks, les Barrow, et avant eux une foule d’autres personnages qu’il serait trop long d’énumérer. Avant de parler de ces voyages, qui ont si vivement occupé l’Europe savante dans ces quinze dernières années, jetons un coup d’œil sur les résultats géographiques qu’avaient produits trois siècles d’efforts et de travaux. Voici quel était, en 1818, l’état de nos connaissances relativement aux régions arctiques et aux limites boréales du continent américain. La mer de Baffin n’était pas mieux connue qu’au xviie siècle, et elle ne figurait plus que d’une manière douteuse sur un grand nombre de cartes ; quelques-unes même en offraient à peine des vestiges. Les contours de la baie d’Hudson étaient assez exactement déterminés, et sa côte occidentale avait été relevée jusque par les 66° 50′ lat. N. au nord de Repulse-Bay ; la passe de Chesterfield, celle du Wager, qui se trouvent au sud de cette baie, avaient été explorées d’une manière satisfaisante, et l’on avait une idée assez exacte de l’île Southampton, qui est située par leur travers. Quelques autres terres voisines étaient moins bien déterminées ; on accordait, entre autres, à l’île Mansfield, une étendue considérable que les reconnaissances récentes lui ont fait perdre. Quant au continent américain, le Cap des glaces formait à l’ouest la limite de l’exploration de ses côtes, et l’on ne connaissait, à l’est de cette limite, que les embouchures de la Mackenzie et de la Coppermine, telles que les avaient déterminées Mackenzie et Hearne. Ni l’un ni l’autre de ces deux voyageurs n’avait exploré la côte adjacente à l’ouest ou à l’est. En comparant les cartes d’alors avec celles d’aujourd’hui, on