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NOUVELLES LETTRES SUR L’HISTOIRE DE FRANCE.

Les haines héréditaires de famille à famille, de ville à ville et de canton à canton, se réveillaient et produisaient des guerres privées, des meurtres et des brigandages[1]. Les condamnés sortaient de prison et les proscrits rentraient comme si leur ban se fût rompu de lui-même par la mort du prince au nom duquel il avait été prononcé. C’est ainsi que Prætextatus revint d’exil, rappelé par une députation que lui envoyèrent les citoyens de Rouen. Il fit son entrée dans la ville, escorté d’une foule immense, au milieu des acclamations du peuple, qui, de sa propre autorité, le rétablit sur le siége métropolitain, et en chassa comme intrus le Gaulois Mélantius que le roi avait mis à sa place[2].

Cependant la reine Fredegonde, chargée de tout le mal qui s’était fait sous le règne de son mari, avait été contrainte de se réfugier dans la principale église de Paris, laissant son fils unique, âgé de quatre mois, aux mains des seigneurs qui le proclamèrent roi et prirent le gouvernement en son nom. Sortie de cet asile quand le désordre fut devenu moins violent, il fallut qu’elle allât se faire oublier au fond d’une retraite éloignée de la résidence du jeune roi. Renonçant avec un extrême chagrin à ses habitudes de faste et de domination, elle se rendit au domaine de Rotoïalum, aujourd’hui le Val de Reuil, près du confluent de l’Eure et de la Seine. Ainsi les circonstances l’amenèrent à quelques lieues de cette ville de Rouen où l’évêque, qu’elle avait fait déposer et bannir venait d’être rétabli en dépit d’elle. Quoiqu’il n’y eût dans son cœur ni pardon ni oubli, et que sept ans d’exil sur la tête d’un vieillard ne l’eussent pas rendu pour elle moins odieux qu’au premier jour,

  1. Qui (Odo Judex) post mortem regis ab ipsis (Francis) spoliatus ac denudatus est, ut nihil ei praeter quod super se auferre potuit remaneret. Domos enim ejus incendio subdiderunt ; abstulissent utique et ipsam vitam, ni cum reginâ ecclesiam expetisset. (Greg. Turon. Hist. lib. viii, pag. 299.) — Defuncto igitur Chilperico… Aurelianenses cum Blesensibus juncti super Dunenses inruunt, eosque inopinantes proterunt ; domos annonasque, vel quae movere facilè non poterant, incendio tradunt ; pecora diripiunt. (Ibid.)
  2. Quem cives Rothomagenses post excessum regis de exsilio expetentes cum grandi laetitiâ et gaudio civitati suae restituerunt. (Ibid., pag. 299.)