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L’OR DES PINHEIROS.

lonnes de fumée s’élevant du sein des plantations naissantes, des sucreries en pleine activité, quelques bâtimens transportant d’un point à un autre les produits de l’Europe ; puis, séparées par d’énormes distances, un petit nombre de cités, d’apparence encore modeste, mais déjà assez florissantes. Au nord, Itamarica, Olinda, Pernambuco, Bahia, alors capitale de la colonie entière ; plus bas, Porto-Seguro, Rio-Janeiro, qui commençait à se développer au bord de sa magnifique baie ; enfin, aux dernières limites du territoire déjà colonisé, Santos et San-Vicente en face l’une de l’autre, sans compter d’autres points moins importans où se déployait également l’activité européenne.

De l’intérieur, les colons ne connaissaient presque rien encore. Quelques missionnaires, un petit nombre d’aventuriers intrépides s’étaient, il est vrai, enfoncés à d’assez grandes distances dans le pays ; mais la plupart avaient péri massacrés par les sauvages, ou succombé à leurs fatigues ; à quelques lieues de la côte, il n’y avait aucune sûreté pour le voyageur. On savait seulement qu’aussi loin qu’on s’avançât à l’ouest, rien ne changeait d’aspect dans le désert : les forêts succédaient aux forêts, les montagnes aux montagnes, et une fois lancé dans ces solitudes sans bornes, l’homme était, comme le navire en plein océan, perdu pour ses semblables, sous la main seule de Dieu.

Dans les premières années du xviie siècle, le mouvement colonial continua de progresser ; de nouvelles tribus indiennes disparurent ou furent mises hors d’état de nuire ; un grand nombre d’autres établissemens se formèrent ; les villes fondées dans le siècle précédent échangèrent leurs maisons en pisé et aux toits de chaume contre des édifices réguliers ; des églises surtout, que n’eût pas désavouées l’Italie, s’élevèrent dans les villes les plus importantes, à Bahia, entre autres, qui plus tard devait posséder une magnifique cathédrale qui long-temps n’eut point de rivale en Amérique. La connaissance de l’intérieur s’accrut dans la même proportion. Des aventuriers affamés d’or se dispersèrent dans toutes les directions, et le succès couronna plus d’une fois leurs recherches, que le gouvernement encourageait de tout son pouvoir.

Entre tous se signalèrent les habitans de la province de Saint-Paul, alors San-Vicente. Récemment encore, sur la foi de Charle-