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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 avril 1835.


Chaque jour, les hommes politiques de l’Angleterre nous donnent des leçons nouvelles. La séance où sir Robert Peel a annoncé sa retraite à la chambre des communes, restera comme un monument de franchise et de loyauté. Suivez d’un coup d’œil tout ce ministère. M. Peel vivait paisiblement à Naples, où il était loin de songer au pouvoir. Peut-être même se disait-il que dans l’état où se trouvait l’Angleterre, son parti n’avait plus assez d’influence pour y exercer directement l’autorité. Tout à coup un ordre du roi l’appelle au poste de premier ministre. Il part et se dévoue. Déjà le duc de Wellington avait donné l’exemple d’un autre genre de dévouement. Appelé par le roi à former un cabinet, lord Wellington charge, sans délibérer, sa vieille tête chauve et blanchie, du poids des affaires de deux ou trois départemens ; il administre les finances, la guerre, les relations extérieures ; il se multiplie, et se livre nuit et jour au travail, au bruit des malédictions dont le charge la presse, et forcé de traverser une multitude menaçante, chaque fois qu’il va d’un ministère à l’autre, pour remplir ses difficiles et pénibles fonctions. C’est là ce qu’on a vu rarement faire à un ministre de France. M. de Rigny s’est, il est vrai, chargé quelquefois de deux portefeuilles, mais dans l’espoir d’en garder un. Lord Wellington, au contraire, se dévouait au travail et à l’insomnie pour sir Robert Peel. Chose rare dans un homme politique,