sur les relations commerciales ; et pour maintenir ces mêmes populations contre lesquelles il faut aujourd’hui des armées, pour défendre ces magasins, ces troupeaux, ces cultures, quelles étaient les forces de la compagnie ? la garnison de la Calle, composée de cinquante hommes, commandés par un capitaine, et munis de six pièces de canon de quatre qui n’ont jamais fait feu.
Voilà les résultats du système de paix.
S’il fallait le recommander par un autre contraste, il suffirait de rappeler l’occupation d’Oran par les Espagnols, contemporaine des concessions. Ferdinand-le-Catholique s’empare, en 1504, du fort de Mers-el-Kebir ; en 1509, d’Oran même. En 1708, pendant la guerre de la succession, les Maures chassent les Espagnols. En 1732, Philippe v fait partir de Carthagène une flotte de douze vaisseaux, deux frégates, trente-neuf bâtimens légers, et cinq cents transports chargés de vingt-cinq mille hommes d’infanterie, et trois mille de cavalerie ; Oran est reprise au bout d’un mois : l’Espagne l’entoure des fortifications que nous occupons, et qui coûteraient, au prix où sont aujourd’hui les choses, 58,000,000 de francs. Les Espagnols, qui ne voulaient que soumettre les infidèles, occupent soixante ans la place avec une garnison de trois mille hommes et sans pouvoir en sortir autrement qu’avec un bataillon : las enfin de ce métier de dupe, ils la remettent en 1792 aux Algériens par un traité.
Il est pénible d’avouer que, depuis 1830, nous avons plus souvent imité les Espagnols d’Oran que les Français de Bône ; le budget et la loi des comptes sont là pour le constater. Après quarante ans, nous ressentons encore l’influence de ces systèmes opposés ; les souvenirs de l’occupation espagnole nous ont donné à Oran une guerre acharnée, et nous devons à ceux des concessions d’Afrique, les dispositions pacifiques que nous avons pu cultiver à Bône.
temps, fut dû au soin que prit le sieur Martin de conduire toutes les opérations de cette compagnie sur les principes d’une compagnie marchande, de rendre son administration économe, fidèle et exacte et d’employer principalement en Barbarie des sujets probes, sages et concilians avec les Maures. Ces derniers mots valent la peine d’être médités.