crient qu’il faut l’insulter en public, qu’elle le mérite pour avoir trompé tout le monde et pour avoir méprisé ses égaux ?
— Qu’ils y viennent ! s’écria André transporté de colère.
— Ils y viendront ; et vous aurez beau monter la garde et en assommer une douzaine, Geneviève l’aura entendu, tout le monde autour d’elle l’aura répété, la blessure sera sans remède : elle aura reçu le coup de la mort.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria André en joignant les mains, que je suis malheureux ! Quoi ! Geneviève est désolée à ce point ! sa vie est en danger peut-être, et j’en suis la cause !
— Vous devez en avoir du regret, dit Henriette.
— Ah ! si tout mon sang pouvait racheter sa vie ! si le sacrifice de toutes mes espérances pouvait assurer son repos !…
— Eh bien ! eh bien ! dit Henriette d’un air profondément ému, si cela est vrai, de quoi vous affligez-vous ? qu’y a-t-il de désespéré ?
— Mais que faire ? dit André avec angoisse.
— Comment ! vous le demandez ? Aimez-vous Geneviève ?
— Peut-on en douter ? Je l’aime plus que ma vie !
— Êtes-vous un homme d’honneur ?
— Pourquoi cette question, mademoiselle ?
— Parce que si vous aimiez Geneviève, et si vous étiez un honnête homme, vous l’épouseriez.
André, éperdu, fit une grande exclamation, et regarda Henriette d’un air effaré.
— Eh bien ! s’écria-t-elle, voilà votre réponse ? C’est celle de tous les hommes. Monstres que vous êtes ! que Dieu vous confonde !
— Ma réponse ! dit André lui prenant la main avec force ; ai-je répondu ? puis-je répondre ? Geneviève consentirait-elle jamais à m’épouser ?
— Comment ! dit Henriette avec un éclat de rire, si elle consentirait ! Une fille dans sa position, et qui, sans cela, serait forcée de quitter le pays ?
— Oh ! non, jamais ! si cela dépend de moi, s’écria André éperdu de terreur et de joie. L’épouser ! moi, elle consentirait à m’épouser !
— Ah ! vous êtes un bon enfant, s’écria Henriette se jetant à son