colonisation. Quand nous aurons vu ce qu’il est possible et avantageux de faire en Afrique, la question d’abandon sera fort simplifiée et ne présentera plus qu’une seule face : occupons-nous d’abord de la colonisation.
Les partisans de la colonisation veulent former, dans l’ancienne régence, le plus solide et le plus étendu de tous les établissemens, celui que constitue l’exploitation agricole du sol : ils ont étudié celui de l’Afrique avec la même liberté d’esprit que s’il s’était agi de la Touraine ou du Languedoc : ils ont rappelé que Rome l’avait couvert de villes populeuses, de cultures florissantes ; ils ont extrait des registres des douanes le tableau des denrées exotiques que nous offrirait, à cinq à six jours de navigation de nos côtes, cette Afrique française, et ont démontré, par des exemples incontestés de la fécondité naturelle du pays, qu’on pouvait y faire prospérer, avec des bras libres, la plupart des cultures compromises dans les colonies à esclaves ; ils ont donné ce développement de richesse agricole pour base aux relations commerciales qui s’établiraient entre la régence et la France, et n’ont pas eu de peine à établir que notre navigation étant la plus chère de l’Europe, il faut combattre les concurrences en nous créant des relations dont le rapprochement laisse peu de place à cette cause d’infériorité.
De ces flatteuses espérances, aucune n’est complètement dépourvue de fondement, et l’on pourrait calculer le cours de leur réalisation progressive, si celle-ci devait s’opérer sur un sol vierge et libre comme l’était celui de l’Amérique : mais ce sol est occupé par des Arabes, des Kabaïls très décidés à en disputer la possession, et ce serait s’exposer à d’étranges mécomptes que de perdre de vue cette circonstance.
La condition du développement de la colonisation, telle que l’entendent les personnes qui ont inscrit ce mot sur leur bannière, c’est la transposition de la propriété des mains des détenteurs actuels à des mains civilisées, et cette transposition, il faut l’avouer nettement, c’est une révolution sociale complète, c’est la guerre la plus longue et la plus acharnée.
Cette considération émeut médiocrement de soi-disant colons qui prendraient, avec plus de justice, le titre de spéculateurs sur les terres. Ceux-ci, on les dit en majorité à Alger, n’ont acheté que