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il s’est borné, pour le moment, à cette histoire partielle qui sera suivie d’autres mémoires sur divers points spéciaux de l’histoire du xvie siècle. C’est une œuvre de science, mais, sous ce rapport, elle n’est peut-être pas assez complète. Considérée comme œuvre d’art, ce serait un travail à peu près nul. C’est un récit un peu confus, supporté par une masse de citations, souvent très curieuses, placées au bas des pages. J’ignore si, en Allemagne, tout le monde lit les notes ainsi séparées, mais en France on ne les lit guère. Je conseille à M. Wachsmuth d’intercaler et de fondre à l’avenir ses notes les plus précieuses dans le corps du récit, qui y gagnera évidemment beaucoup d’attrait et une physionomie esthétique.


Novellenkrantz für 1835 (Série de nouvelles, année 1835), par M. L. Tieck. 1 vol. Berlin.

Dans ce recueil, M. Tieck écrit pour son compte particulier : personne pour le soutenir, lui prêter lustre ou le gêner ; un seul roman remplit le volume.

L’auteur prend le commencement de son récit dans la vie réelle ; les personnages sont ceux que vous connaissez depuis long-temps dans les romans d’Allemagne : le bourgmestre, l’aubergiste brasseur, le sénateur de petite ville, l’apothicaire, le syndic, le conseiller de légation ou de toute autre chose, le poète local, le jeune officier hautain, fougueux et méprisant le Philistin, caractère que les Philistins allemands aiment beaucoup, parce que c’est à leurs yeux le symbole de la force virile ; la jeune fille sentimentale, la vieille dame fardée, et tout ce que vous pouvez vous rappeler de semblable, avec des manies qui ne sont pas plus nouvelles.

On est en plein xixe siècle, cela n’empêche pas le bourgmestre Heinzemann, qui s’occupe d’astronomie pour tuer le temps, et occuper l’imagination toujours si dévorante en Allemagne, d’arriver à croire à l’astrologie et à toutes les influences secrètes. Son beau-frère, l’aubergiste Peterling, a sans doute pris le goût de l’alchimie auprès de sa chaudière dans sa brasserie. Il croit, lui, à la possibilité de transformer le cuivre en or. Tous deux ont un ami, sénateur d’une petite ville des montagnes, qui est passionné pour l’art, et veut convertir au culte du beau les habitans de son petit endroit. Il colle dans ce but des gravures sous le portail de l’église, et transforme en statue de fontaine publique un magot grotesque. Ce qui l’indigne surtout, c’est la barbarie avec laquelle sont construits les mannequins placés dans les champs pour épouvanter les oiseaux. Prêchant d’exemple, il en fabrique un en cuir bouilli, armé de ressorts et d’une arquebuse, qu’il appelle Robin-Hood, et qu’il estime à