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HOMMES POLITIQUES DE LA BELGIQUE.

M. Jean-Louis-Joseph Lebeau est né à Huy, province de Liége, le 2 janvier 1794. Il fut d’abord avocat à Huy, puis à Liége, où il plaida avec bonheur quelques procès criminels. En 1824, il fonda, concurremment avec MM. Devaux et Rogier, un journal d’opposition, le Mathieu Laensberg, plus tard le Politique. C’est dans ce journal que furent exposées les premières idées sur un projet d’union catholique libérale. Dans les années suivantes, M. Lebeau établit une imprimerie d’où sortirent, entre autres publications, des contrefaçons de Mme de Staël, de M. Thiers et de M. Daunou. En 1829, il publia son ouvrage politique ayant pour titre : Observations sur le pouvoir royal, dont la première partie fut surtout remarquée.

Lorsque vint la révolution de septembre, le gouvernement provisoire nomma M. Lebeau à la place de secrétaire-adjoint de la commission de constitution, où siégeait comme secrétaire M. Nothomb. Le district de Huy ne tarda pas à envoyer M. Lebeau au congrès, où s’effectua l’alliance dont nous avons parlé entre MM. Lebeau, Devaux et Nothomb. Ils soutinrent la monarchie d’après les idées anglaises. Toutefois, les deux premiers se montrèrent souvent hostiles au comité diplomatique ; ce ne fut que plus tard qu’ils s’associèrent, avec certaines modifications, au système de politique extérieure représenté par M. Nothomb.

À l’époque de la députation de M. Chokier à Paris, MM. Lebeau, Nothomb et Duval de Beaulieu, qui connaissaient d’avance le refus de la couronne par Louis-Philippe, au nom du duc de Nemours, firent, auprès du prince de Ligne, cette singulière démarche qui depuis leur a été si souvent reprochée. Ils se rendirent au château de Rœulx, qu’habitait le prince, pour lui offrir la lieutenance-générale du royaume de Belgique, en lui donnant à espérer que bientôt le congrès pourrait substituer à ce titre celui de souverain. Le prince, avec cette finesse d’esprit qui semble un héritage de famille, répondit à ces messieurs : Je ne puis accepter la couronne belge, parce que je suis déjà chambellan de l’empereur d’Autriche.

Cependant la terreur panique qui avait poussé les deux hommes d’état en herbe à la démarche que nous venons de citer, se dissipa peu à peu, et ils effacèrent jusqu’au souvenir de cette légèreté par