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HOMMES POLITIQUES DE LA BELGIQUE.

lande, etc.) sans que personne ait jamais été à même de nier formellement la réalité du fait. L’auteur allemand cite la phrase suivante qu’aurait dite M. de Chokier après le refus du roi Louis-Philippe au nom du duc de Nemours : Messieurs, il ne nous reste d’autre parti à prendre que d’élire le prince d’Orange.

Voici deux anecdotes dont nous pouvons garantir l’authenticité, et qui démontrent la fausseté de cette allégation ; la première se rapporte au roi Louis-Philippe lui-même, et l’autre à lord Ponsomby, ambassadeur d’Angleterre.

M. de Chokier pria le roi des Français de vouloir bien faire deux changemens dans le discours qu’il devait prononcer en réponse à celui de la députation belge. Dans ce discours, le roi disait qu’il ne permettrait à aucun membre de sa famille de s’asseoir sur un trône quelconque de l’Europe. M. de Chokier lui rappela que par ces mots, les membres de sa famille, il semblait exclure les princesses comme les princes ses fils, dans le cas où le nouveau roi des Belges trouverait convenable de rechercher son alliance. Le roi répondit que telle n’était point son intention, et il fit appeler M. Sébastiani, qui promit de substituer ces mots, les princes mes fils. M. de Chokier se retira satisfait. À une heure de la nuit, il fut réveillé par un visiteur inattendu. C’était le rédacteur en chef du Moniteur qui venait le trouver au lit pour savoir s’il était content du changement de rédaction, et qui venait lui demander son bon à tirer, parce qu’il avait ordre de suspendre l’impression du Moniteur jusqu’à ce qu’il l’eût reçu bien en règle. Il est donc évident qu’à l’époque de sa présidence du congrès M. de Chokier agissait déjà dans le sens de l’alliance française.

L’autre fait se passa entre M. de Chokier, alors régent de la Belgique, et lord Ponsomby. À ce moment, l’alliance anglo-française n’était pas encore consommée. L’ambassadeur anglais, après avoir sondé le régent sur la possibilité d’une restauration du prince d’Orange, et l’ayant trouvé de tout point contraire à ses projets, finit par abandonner ce thème, et manifesta ses craintes sur la réunion des provinces belges à la France. Il alla même jusqu’à proposer à M. de Chokier de le faire élire chef définitif de la Belgique, l’assurant de l’assentiment des cinq grandes puissances, à la seule condition de changer les articles de la constitution relatifs aux li-