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HOMMES POLITIQUES DE LA BELGIQUE.

manifesté son peu de sympathie en brisant ses vitres, tandis que l’archevêque de Malines s’est contenté d’envoyer une circulaire aux curés de son diocèse pour qu’ils voulussent bien prier Dieu d’illuminer le prédicateur schismatique, et de lui inspirer de meilleures idées.

§. iii. — PARTI RÉPUBLICAIN.

C’est ici que se touchent, par leurs extrémités, ces deux irréconciliables partis, qu’on appelle les libéraux et les catholiques, les laménistes d’une part, et les républicains de l’autre.

La république, en Belgique, n’a pas encore fait de nombreux adeptes. Nous avons dit qu’elle ne comptait que trois organes dans le sein de la chambre des représentans ; encore ses partisans n’ont-ils jamais cru à la possibilité d’une installation directe. Ce n’est que par la réunion de la Belgique à la France qu’ils espèrent nous faire jouir collectivement du gouvernement républicain. Aussi, malgré leurs constantes dénégations, s’obstine-t-on à n’y pas voir autre chose ; d’où il suit que leur pensée est complètement anti-nationale.

Le club de la rue de la Bergère, qui fit tant de bruit à Bruxelles dans les premiers mois de la révolution, fut clos, pour ainsi dire, par les propres mains du peuple, à qui l’on avait persuadé que ce club était une succursale des saints-simoniens. Son président, M. de Potter, eut à peine le temps de se sauver à la frontière, ce qui lui fut durement reproché par ses collègues, et notamment par M. Gendebien. M. Gendebien, qu’on peut considérer comme l’homme le plus remarquable du triumvirat républicain qui siége aujourd’hui à la chambre, nourrissait d’ailleurs d’autres griefs contre M. de Potter. Il savait que le président du club de la Bergère aspirait tout simplement à la dictature, et que ses ministres, déjà désignés, étaient MM. Tielemans et Lesbroussart.

Dans les séances du gouvernement provisoire, où les membres discutaient sur le pied de l’égalité, M. de Potter ne manquait jamais de signer, le premier et le plus près possible du texte, les arrêtés et les délibérations. M. Gendebien alors affecta de signer encore plus haut, entre le texte et la signature de M. de Potter, comme pour dissiper la fumée d’aristocratie qui semblait parfois troubler le cerveau de son collègue.