sais en le regardant : Pourquoi est-ce qu’il vient au bal, ce pauvre monsieur ? ça ne l’amuse pas du tout.
André, choqué de cette hardiesse indiscrète, fut bien près de répondre : En vérité, mademoiselle, vous avez raison, cela ne m’amusait pas du tout. Mais Joseph lui coupa la parole, en disant ;
— Ah ! ah ! de mieux en mieux, André, Mlle Henriette t’a regardé, que dis-je ? elle t’a contemplé, elle s’est beaucoup occupée de toi. Sais-tu que tu as fait sensation ? Ma foi ! je suis jaloux d’un pareil début. Mais voyez-vous, mes chères petites, pardon ! je voulais dire mes belles demoiselles, vous faites à mon ami un reproche qu’il ne mérite pas ; vous l’accusez d’être fier, lorsqu’il n’est que triste, et il faudra bien que vous lui pardonniez sa tristesse, quand vous saurez qu’il est amoureux.
— Ah ! s’écrièrent à la fois toutes les jeunes filles.
— Oh mais ! amoureux ! reprit Joseph avec emphase, amoureux frénétique !
— Frénétique ! dit la petite Louisa en ouvrant de grands yeux.
— Oui ! répondit Joseph, cela veut dire très amoureux, amoureux comme le greffier du juge de paix est amoureux de vous, Mlle Louisa, comme le nouveau commis à pied des droits réunis est amoureux de vous, Mlle Juliette, comme…
— Voulez-vous vous taire, voulez-vous vous taire ! s’écrièrent-elles toutes en carillon.
Mme Marteau fronça le sourcil, en voyant que l’ouvrage languissait ; la grand’mère sourit, et Henriette rétablit le calme d’un signe majestueux.
— Si vous n’aviez pas fait tant de tapage, mesdemoiselles, dit-elle à ses ouvrières, M. Joseph allait nous dire de qui M. André est amoureux.
— Et je vais vous le dire, en grande confidence, répondit Joseph, chut ! écoutez bien, vous ne le direz pas ?…
— Non, non, non ! s’écrièrent-elles.
— Eh bien ! reprit Joseph, il est amoureux de vous quatre. Il en perd l’esprit et l’appétit, et si vous ne tirez pas au sort laquelle de vous…
— Oh ! le méchant moqueur ! dirent-elles en l’interrompant.
— M. Joseph, nous ne sommes pas des enfans, dit Henriette en