était une concession immense à la liberté à cette époque d’invasion et au sortir du despotisme de Napoléon.
M. Pozzo di Borgo demeura à Paris comme le représentant de la Russie auprès du nouveau gouvernement français ; il se rendit ensuite aux conférences de Vienne, où toutes les sommités diplomatiques avaient été appelées. Le diplomate russe tournait souvent alors, avec une vive préoccupation, ses regards vers l’île d’Elbe ; il épiait tous les mouvemens de l’illustre prisonnier ; il l’entendait limer ses fers ; sa prévoyance demandait à l’Europe une captivité plus lointaine pour Napoléon. La cour plénière des ambassadeurs s’occupait à discuter la proposition dont elle hésitait à reconnaître l’utilité, lorsqu’elle apprit le débarquement de l’empereur. M. Pozzo di Borgo ne fut point surpris de l’évènement, mais il en comprit la portée. — Je connais Bonaparte, s’écria-t-il ; puisqu’il a débarqué, il ira à Paris ; point de trêve alors pour lui : c’est à l’Europe de se remettre en marche ; il faut le renverser, et cette fois sans retour ! —
L’Europe entendit l’appel ; elle était prête. L’alliance s’avança compacte ; ce fut vainement que Napoléon essaya d’en détacher l’Autriche et la Russie. L’envoi qu’il fit à Alexandre du traité secret conclu au mois de mars 1815 entre l’Angleterre, l’Autriche et la France, contre la Russie, n’eut d’autre effet que de produire cette antipathie du czar pour M. de Talleyrand, qui empêcha plus d’une importante transaction. L’activité de M. Pozzo di Borgo s’était réveillée. Le général fut envoyé par son souverain en qualité de commissaire près de l’armée anglo-prussienne qui formait l’avant-garde de la coalition.
Napoléon était tombé comme la foudre sur la frontière belge. Ce fut, on le sait, au milieu d’un bal, à Bruxelles, sous les mille lustres du palais de Lacken, que le duc de Wellington entendit le coup de tonnerre. L’armée anglaise fut réunie en toute hâte, et un courrier expédié à Bulow pour qu’il eût à précipiter sa marche. Un premier échec avait frappé les Prussiens de Blücher. Le duc fut forcé à la retraite ; il prit position sous le mont Saint-Jean. M. Pozzo di Borgo vint l’y trouver assez inquiet. — Jusqu’à quelle heure croyez-vous pouvoir tenir ? dit-il. — Je ne compte pas trop sur les Belges, répondit Wellington ; mais j’ai avec moi une douzaine de régimens anglais et écossais. Adossé à la colline, je réponds de résister toute la journée ; mais il faut que Bulow m’aide avant cinq heures du soir. — Au milieu de la bataille, un billet de Bulow annonça son arrivée avant trois heures ; la nouvelle passa de rang en rang ; l’armée anglaise, bien que mal secondée par les Belges, résista avec cette puissante ténacité qui fit sa victoire.
Napoléon avait quitté son dernier champ de bataille. Pourtant M. Pozzo