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Cependant les belligérans se ravisèrent. En vertu du traité de 1794, l’Angleterre continua de visiter les Américains neutres ; il y eut des saisies faites à bord, des presses de matelot jusque sur des vaisseaux de l’état appartenant à l’Union[1] ; enfin l’Angleterre, restreignant de plus en plus le droit des neutres, déclara le blocus depuis Brest jusqu’aux rives de l’Elbe, alors envahies par l’armée française. L’acte du conseil du 16 mai 1806 déclarait ce blocus aux neutres, et M. Fox fut chargé de l’annoncer à M. Monroe, ministre des États-Unis. M. Fox disait : « S. M. a cru convenable d’ordonner que des mesures nécessaires seraient prises pour le blocus des côtes, rivières et ports, depuis l’Elbe jusqu’au port de Brest inclusivement ; lesdites côtes, rivières et ports sont et doivent être considérés comme bloqués ; mais S. M. déclare que ce blocus n’empêchera pas les bâtimens neutres chargés de marchandises non appartenant aux ennemis de S. M., et qui ne sont pas de contrebande, d’approcher desdites côtes, d’entrer ou de faire voile desdits ports et rivières (excepté les côtes, rivières et ports, depuis Ostende jusqu’à la Seine, dès long-temps en état de blocus), pourvu que lesdits bâtimens qui approcheront, et qui entreront ainsi (excepté comme ci-dessus), n’aient pris leur cargaison dans un port appartenant aux ennemis de S. M. ou en leur possession, et que lesdits bâtimens qui feront voile desdites rivières et ports (excepté comme ci-dessus) ne soient destinés pour aucun port appartenant aux ennemis de S. M. ou en leur possession, et n’aient pas préalablement enfreint le droit de blocus[2]. » Cet acte du conseil de S. M. Britannique était une extension outre mesure du droit de blocus, tel que le code des nations l’admet ; il était impossible aux forces navales de l’Angleterre, quelque nombreuses, quelque actives qu’elles pussent être, d’enfermer par le blocus une telle étendue de territoire ; mais dans les violences des deux parties belligérantes, on ne connaissait plus de bornes, on cherchait à se faire le plus de mal possible. C’était le but qu’on se proposait, l’Angleterre l’avait atteint.

Ce fut sur le champ de bataille, tout couronné des lauriers de la victoire, que l’empereur reçut la nouvelle de l’immense blocus déclaré par l’Angleterre. Ceux qui ont vécu dans l’intimité de Napoléon, doivent se

    mais non des ports de l’ennemi à ceux des alliés de S. M. directement, ni des ports d’Amérique à ceux desdits alliés, avec des productions coloniales. » (Taverne de Londres, 21 novembre 1807. Communication faite par lord Bathurst au comité des négocians américains.)

  1. Les journaux américains des années 1803 et 1804 sont remplis de plaintes contre l’Angleterre.
  2. Gazette de Londres, 15 mai 1808.