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d’une raie, l’espace recouvert par son pied droit, la terre prise dans l’intérieur de ce contour aura la vertu singulière d’écarter les puces de tous les lieux où on la parsemera. »

Il est juste cependant de faire remarquer que Pline, tout ami qu’il est du merveilleux, ne semble pas croire à l’efficacité de ces deux moyens, et qu’il ne les rapporte qu’à l’occasion des pratiques superstitieuses répandues de son temps parmi les personnes adonnées à l’étude des sciences occultes. Au reste, même en écartant ces deux passages, il reste encore bien assez de fables dans son histoire du coucou. On ne trouve au contraire presque rien qui ne soit vrai dans celle que nous a laissée Élien, et il faut croire que cette fois l’auteur a été bien servi par le hasard, car d’ordinaire ce n’est pas par l’esprit de critique qu’il se distingue.

Élien est certainement de tous les naturalistes anciens, celui qui a le mieux parlé des mœurs du coucou. Ainsi Aristote s’était trompé en disant que la femelle cherche de préférence le nid des ramiers pour y déposer son œuf, car la nourriture qui convient aux pigeonnaux ne convient nullement au jeune coucou. Élien, au contraire, en désignant les oiseaux dont le nid reçoit l’œuf étranger, ne cite que des espèces qui, du moins dans le premier âge, ont un régime insectivore. Il remarque aussi, et très justement, que ce n’est point aux nids vides que le coucou s’adresse, mais à ceux qui ont déjà plusieurs œufs ; seulement, ajoute notre auteur, s’il en trouve un trop grand nombre il en emporte un ou deux à la place de celui qu’il laisse, et pour faire cette substitution il guette le moment où les maîtres du logis sont absens l’un et l’autre.

« Le jeune coucou, poursuit Élien, sentant bien qu’il n’est qu’un intrus, s’empresse d’aller rejoindre ses vrais parens dès l’instant qu’il peut se confier à ses ailes ; d’ailleurs, ajoute-t-il, à cette époque son plumage le faisant reconnaître pour étranger dans la maison, il y est battu de tous, et n’a rien de mieux à faire que d’en déloger au plus vite. » Ceci n’est pas exact ; le jeune coucou continue d’être soigné par sa mère adoptive long-temps après qu’il est en état de voler, et le premier usage qu’il fait de ses ailes est pour aller à sa rencontre lorsqu’elle lui apporte la becquée.

Sur ce point, au reste, l’opinion d’Élien se rapproche de celle qu’on trouve exprimée dans le premier livre des Ixeutiques. « Le