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HISTOIRE NATURELLE.

ne se montre que pendant une petite partie de l’été, après quoi on ne le voit plus. Il est le seul des éperviers qui n’ait pas les ongles crochus et qui n’ait pas la forme de la tête propre à cette famille ; il n’en a guère que la couleur, et pour le reste, il est plutôt comparable à la colombe. Il devient aussi quelquefois la proie de l’épervier, quand il leur arrive de se rencontrer, et c’est de tous les oiseaux le seul qui serve de pâture à sa propre espèce. Le coccyx se montre au printemps et disparaît au lever de la canicule. Il pond toujours dans un nid étranger, principalement dans le nid des ramiers. Il n’a le plus souvent qu’un œuf, rarement deux, et c’est encore une particularité qui le distingue entre tous. Le motif qu’il a pour placer ainsi ses petits en maison étrangère, c’est qu’il connaît la haine que lui portent tous les autres oiseaux, qui tous et jusqu’aux plus petits lui font la guerre. Voyant donc que sa race courrait grand risque de s’éteindre, s’il n’avait recours à la ruse, à défaut du courage dont il est dépourvu, il ne construit point de nid. La femelle, dans le nid de laquelle il va déposer son œuf, nourrit le petit lorsqu’il est éclos. Ce petit, naturellement avide, enlève la nourriture à ses compagnons ; il engraisse et charme ainsi les yeux de sa nourrice. Celle-ci se complaît et s’admire dans son ouvrage ; ses enfans bientôt ne lui paraissent que de chétifs avortons ; elle les méconnaît et les laisse égorger par l’étranger, qui finit par la tuer elle-même quand il se sent en état de voler. À cette époque, il a la chair plus délicate qu’aucun autre oiseau. »

On ne trouve dans Pline aucun autre passage relatif au coccyx ; quant au cuculus, il en est question dans plusieurs endroits : d’abord à l’occasion de la vendange, et parce qu’en ces temps-là les vignerons poursuivaient du triste chant de cet oiseau ceux qui tardaient trop à tailler leur vigne, comme pour leur prédire que le printemps qui est l’époque de l’apparition du coucou les surprendrait encore la serpe à la main. La seconde fois, c’est à propos de remèdes. Un coucou enveloppé dans une peau de lièvre et attaché sur le front, est, suivant notre auteur, un moyen merveilleux pour provoquer le sommeil.

J’allais oublier un troisième passage qui vaut cependant bien la peine d’être cité. « Lorsqu’un homme, dit Pline, entend pour la première fois le chant du coucou, s’il marque sur le sol, au moyen