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REVUE. — CHRONIQUE.

ventés à propos auraient besoin d’un plus large espace pour ne pas sembler entassés. L’exposition, le nœud et le dénouement se pressent avec une telle rapidité, que le héros n’a pas le temps de respirer. Sans doute c’est un grand tort, malheureusement trop commun aujourd’hui, de laminer une idée, et d’abuser de la ductilité de la parole. Mais si la prolixité noie la pensée et la trivialise, la condensation en-deçà de certaines limites ne permet pas à l’idée de s’épanouir et de respirer librement. Or, je crois que M. Cochut n’a pas évité ce dernier danger ; chacun des chapitres de son roman gagnerait fort à être développé. 2o  Le style de M. Cochut ne respecte pas constamment l’analogie des images. Les symboles qu’il choisit n’ont pas une continuité suffisante. Il débute par une idée sensible, empruntée au monde extérieur ; puis, tout à coup, il rentre dans le monde idéal ; et ce perpétuel passage du monde à la conscience ôte souvent à sa pensée la netteté primitive qu’elle avait à l’heure de l’éclosion.

HISTOIRE DE LA RÉFORME, DE LA LIGUE ET DU RÈGNE DE HENRI iv,
PAR M. CAPEFIGUE[1].

Les tomes 7 et 8 de l’Histoire de la Réforme, de la ligue et du règne de Henri IV, vont paraître dans quelques jours à la librairie Dufey. Ces deux nouveaux volumes, entièrement consacrés au règne de Henri iv, complètent ce curieux travail historique. Nous devons dès aujourd’hui constater le nombre et la nouveauté des pièces qu’ils contiennent : à savoir les lettres d’Élisabeth et de Henri iv pour toutes les négociations politiques de la fin du xvie siècle ; les rapports diplomatiques de ce prince avec l’Allemagne, les états-généraux des Provinces-Unies, Venise, le sultan, Genève, la Suisse et les principautés d’Italie ; l’entrée de Henri iv à Paris ; la dépêche des ambassadeurs d’Espagne sur cette entrée du Béarnais : monumens précieux qui rectifient bien des exagérations. Viennent ensuite les longues négociations de MM. de Bellièvre et Sillery pour la paix de Vervins, l’édit de Nantes, le procès et la mort du maréchal de Biron d’après les manuscrits du temps, et l’assassinat de Henri iv. Cette publication se termine par un résumé de l’administration de Henri iv.

Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée de cet ouvrage, que d’en citer quelques fragmens sur l’esprit du système politique du Béarnais.

« Je considère, dit l’auteur, le duc de Mayenne comme le plus pitoyable caractère de la Ligue. Le parti populaire l’inquiète et l’importune ; il s’en

  1. Chez Dufey, rue des Marais.