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HISTOIRE DE FRANCE
DE M. MICHELET.[1]

Voici, de toutes les sciences, celle qui naît le plus tôt et se développe le plus lentement : l’histoire. Il faut des siècles entiers à cette fille des vieux empires, à cette fleur des champs de bataille et des ruines, pour la voir grandir et se fortifier, et prendre un jour tout l’ascendant qu’il lui est donné d’avoir. L’origine des nations est toujours enveloppée d’un voile de poésie ; autour de leur berceau on entend résonner ou le chant religieux ou le cri de guerre. Souvent leurs bardes sont en même temps leurs prêtres, et leur histoire se perd dans un mythe, dans une légende poétique et religieuse ; et quelque pierre revêtue de caractères hiéroglyphiques, quelque lourd et grossier monument, voilà tout ce qui nous reste pour constater l’arrivée d’un nouveau peuple dans une contrée, et ses premiers combats, et ses premiers exploits. Puis, une fois le camp bien assis, une fois la tente posée, voici venir la tradition, l’auguste et

  1. Tom. i et ii, chez Hachette, libraire, rue Pierre-Sarrazin.