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LETTRE POLITIQUE.


DÉMISSION DE M. DE TALLEYRAND.

Londres, 11 janvier 1835.


Les journaux français nous apportent, avec la démission du prince de Talleyrand, la lettre si curieusement énigmatique qui l’accompagne. Cet évènement n’est point pour nous une nouveauté ; il était depuis long-temps prévu. M. de Talleyrand avait plusieurs fois communiqué à ses amis d’Angleterre sa ferme volonté de quitter sa grande ambassade ; la direction que prenaient les affaires politiques n’était plus de son goût ; il était comme dépassé par les hommes et les évènemens. Nous avions cet avantage à Londres, que M. de Talleyrand s’y montrait un peu plus dans sa vérité ; la société anglaise avec son luxe, ses habitudes, ses esprits éminens, plaisait davantage au diplomate ; il y devenait plus expansif, plus sincère dans sa causerie, à ces heures avancées de la nuit, alors que le whist aiguisait son esprit et sa verve pénétrante. Il serait impossible de vous dire tous les jugemens ingénieux, les appréciations justes, les piquantes indiscrétions qui sortaient de cette tête merveilleuse avec ses quatre-vingts ans. Aussi nous avons su bien plus de choses à Londres que