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NAUFRAGE
D’UN
BATEAU À VAPEUR.

Tous les vents étaient déchaînés, la mer furieuse, le ciel sillonné d’éclairs. Ainsi commence d’ordinaire le récit d’un naufrage.

Le récit du mien commence autrement.

Le vent, assez frais au large, se faisait peu sentir dans le voisinage de la côte que nous longions à une faible distance. La mer était calme ; un magnifique clair de lune succédait à un soir serein. Les passagers se trouvaient la plupart sur le pont, les uns causant avec cette langueur que donne le mouvement du bateau, même à ceux qui ne souffrent pas du mal de mer, les autres occupés à considérer le jeu de la machine, à regarder la terre fuir, l’écume courir, ou à suivre de l’œil la noire traînée de fumée qui flottait derrière nous, comme un panache rabattu par le vent.

Car chacun cherche un moyen de tromper l’ennui de ces traversées des bateaux à vapeur, qui paraissent longues malgré la rapi-