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reuses, l’alliance avec la France contre les principes des souverains alliés du continent.

On sait encore comment le ministère whig s’écroula dans les débats du bill de réforme, qu’il ne put faire passer dans la chambre des lords. Les pairs avaient trouvé là un moyen infaillible de reformer le ministère Wellington. Le duc rentra en effet aux affaires, mais pour y manifester une seconde fois, et plus que jamais, son impuissance. Son nouveau ministère dura dix jours. L’attitude que prit le pays parut si formidable aux tories et à leur chef avoué, que, de fait, ce ministère n’exista pas un seul instant. Il n’osa pas faire un seul mouvement ; il ne prit aucune mesure de quelque importance ; son existence éphémère se passa à tâtonner, et le grand général qui était à sa tête n’eut d’autre occupation que de se fortifier, comme en pays ennemi, contre l’insurrection populaire qu’il redoutait.

Voilà l’histoire succincte, mais fidèle, des deux derniers ministères du duc de Wellington. Celui-ci commence sous des auspices encore moins favorables en apparence.

C’est en l’absence du parlement, et comme par surprise, que le duc de Wellington s’est introduit dans le ministère. Depuis sa dernière retraite, le pays a fait un pas immense dans la révolution qu’il a commencée avec le bill de réforme. Le nom de Wellington, suspendu en manière de menace sur l’Angleterre, comme l’était sur la France le nom de Polignac, n’a pas été plus tôt prononcé et mis en lumière, que tout le pays s’est ému. Des associations hostiles, non pas seulement au ministère, mais au pouvoir royal, se forment de toutes parts ; les pronostics d’une commotion prochaine et violente s’élèvent de tous les côtés ; et ce ne sont pas des hommes qui connaissent bien l’état actuel de l’Angleterre, que ceux qui la peignent comme résolue à n’opposer au ministère Wellington qu’une résistance réfléchie et légale.

Le duc de Wellington connaît si bien l’esprit qui anime la chambre des communes, qu’il s’apprête à la dissoudre et à courir les chances d’une réélection générale. Les tories qui, il y a peu de jours, allaient partout disant, à Paris et à Londres, que les élections prochaines amèneraient, dans la chambre basse, une majorité radicale qui renverserait le ministère Melbourne au profit de lord Durham ; les tories assurent maintenant que les électeurs des comtés enverront dans les chambres un nombre suffisant de députés ministériels. Ils oublient que les rangs des tories dans la chambre actuelle ne sont déjà composés que de ces élus des comtés, et que ces comtés n’ont environ que cent quarante membres à nommer. Les six cent soixante autres membres de la chambre des communes, d’où