Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/595

Cette page a été validée par deux contributeurs.
591
DES ORIGINES DU THÉÂTRE EN EUROPE.

des ve et vie siècles, un prologue encore inédit d’une pièce barbare où figurent un histrion du temps et le vieux poète Terence, etc., etc. ; d’une autre part, nous verrons le génie naissant du christianisme s’essayer au drame soit dans des compositions littéraires et érudites telles que le Moïse d’Ézechiel le tragique au iie siècle, et le Χριστος πασχων (Christos Paschôn) attribué à Saint-Grégoire de Nazianze au ive siècle ; soit dans les dialogues des liturgies apostoliques, où le prêtre, le diacre et le peuple prennent successivement la parole ; soit surtout dans l’établissement de quelques usages presque scéniques, comme les chants alternatifs pendant les repas communs ou agapes, les danses tolérées à de certaines processions et autour des tombeaux des martyrs ; soit enfin dans une foule d’autres coutumes que je vous indiquerai avec soin et où l’exaltation religieuse éclatait d’une manière toute mimique et quelquefois encore toute païenne.

La seconde période s’étend du vie au xiie siècle. C’est l’époque du plus complet développement du génie sacerdotal. Dès le commencement de cette période nous verrons se glisser les jeux scéniques et même l’usage des masques dans certains monastères de femmes : au ixe siècle, nous verrons les obsèques des abbés et des abbesses se terminer par de petits drames funèbres, sortes d’églogues, dont les religieux et les religieuses se partageaient les rôles, poèmes bizarres dont quelques-uns sont parvenus jusqu’à nous. Au xe siècle, je vous montrerai les vies des saints et les légendes des martyrs et des ermites chantées dans les carrefours et qui plus est, partagées en scène et représentées dans les couvens. Je vous lirai et vous traduirai en partie six pièces de ce genre, composées par la célèbre Hroswitha, religieuse à Gandersheim, morte avant la fin du xe siècle. Enfin aux xie et xiie siècles, nous verrons le drame ecclésiastique atteindre avec l’église à son apogée et se déployer dans les cathédrales, aux jours de grandes fêtes, soutenu de la majesté naissante de la peinture, de la sculpture, de la musique, également parfait dans les représentations sérieuses que l’on pourrait appeler tragiques, et, chose surprenante ! dans les représentations comiques et grotesques, et jusque dans les danses les plus vives, sorte de galops, commencés dans le chœur, continués dans la nef et terminés dans les parvis ou les cime-