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Nous nous arrêtons dans ces citations, parce que le poème entier viendrait se jeter sous notre plume. Il continue ainsi, plein d’élan, d’ironie, de sombre tristesse. À la description poétique de l’orage révolutionnaire, succèdent d’admirables regrets sur la ruine de la religion ; puis, tout à coup, comme saisie d’une colère sainte, à la vue de ces abominations qui souillent la patrie, la muse jette un cri de guerre, et elle appelle ceux qui sont encore à genoux à se lever et à s’armer du glaive.

« Laïques et prêtres, il faut prendre votre parti. Voyez à mourir et à combattre. Votre roi sur la terre, votre Dieu au ciel… tous deux ont été outragés ; — qui les vengera ?

« Oh ! si ce fut jamais un devoir pour le peuple de se lever, l’heure est venue ; qu’il montre sa terrible figure ! Bretons, tout chrétien est soldat pour la foi, tout soldat doit sa vie à son roi !

« Roi de France, séchez vos larmes ; plus de regrets, maître, nous mourrons, ou nous jetterons à bas les tyrans. Nos fronts vous serviront de marche-pied pour remonter au trône, et vous y ramènerez la justice et la religion !

— « Et vous, Bretons, à la Vendée !… C’est là que la foi est encore debout, couronnée de lauriers sanglans. Le vainqueur est là qui vous appelle, une main sur le sceptre, une autre sur l’Évangile. »

Le poème est terminé par un retour vers les souvenirs du pays et vers de douces espérances.

« Ô terre des Bas-Bretons, ô ma contrée chérie, ma contrée tant pleurée, sol précieux, si douloureusement abandonné ! je me sens tout frémissant d’avance à la pensée de te revoir. Et pourtant, ô ma Bretagne ! je mourrais content sans avoir vu ton ciel, si le passé renaissait en France.

« Bénie soit l’heure où une pareille nouvelle me sera apportée ! Alors, ô mon Dieu ! dispose de ma vie !… que je prenne mon vol vers ton paradis ! De ma douce Bretagne ou de la dure terre des Anglais, la course ne sera ni plus courte, ni plus longue, ô mon Dieu ! »

Telle est cette œuvre dont nous n’avons pu donner que d’informes lambeaux, mais dont nous avons tâché de faire comprendre l’esprit, en disant ce qu’étaient les hommes qui la firent. Pour en