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REVUE DES DEUX MONDES.

Posta in riva del mare ; ed ha vicine
Immense solitudini d’arena.

Jérusalem délivrée, ch. xvii.


« Gaza est placée aux confins de la Judée, sur le chemin qui mène à Péluse ; elle est assise sur les rivages de la mer, et voisine d’un immense désert de sable. »

Je ne veux point chercher querelle au poète de Sorente, pour avoir placé Gaza au bord de la mer : l’épopée a ses priviléges : je vous ai dit ci-dessus que Gaza est éloigné de la côte de deux lieues.

Je ne puis mieux terminer cette lettre qu’en vous parlant du kiatib chrétien qui m’a donné l’hospitalité à Gaza ; il se nomme Constantin Jassein. C’est un homme de trente-cinq à quarante ans, qui partage exclusivement sa vie entre ses fonctions et la prière ; je n’ai jamais vu de figure plus grave et plus recueillie ; l’unique passe-temps du bon kiatib, c’est de jouer avec un rosaire, ou de caresser de la main sa grande et belle barbe noire. Nous avons acheté aujourd’hui dans les bazars une douzaine de foulards d’Égypte pour les deux enfans de notre hôte ; le jeune Damiani les a déposés en secret à l’angle d’un divan, de manière à ce que le présent ne soit connu qu’après notre départ ; mon trucheman, en sa qualité de fils de consul, se montre scrupuleux observateur des plus petites convenances arabes : l’usage du pays veut qu’on ne remette pas le présent en main propre et tant qu’on est là, pour que l’hôte ne puisse faire autrement que de l’accepter.

Poujoulat.