ture, qu’elle aussi fait payer les laines et les bestiaux plus cher à toutes les classes de la société ; à la navigation, qu’elle aussi est protégée par des droits différentiels très élevés ; que toutes les industries étant protégées également sont cause à leur tour de la cherté de nos produits ; qu’il n’en est pas une seule à qui une autre n’ait une plainte à adresser ; que cette logique récriminatoire n’est pas saine, car il faudrait, pour être juste, décharger tout le monde des droits imposés pour protéger tout le monde. Resterait à demander si on voudrait se trouver en présence de toutes les nations, sans droits sur les céréales, sur les bestiaux, sur les cotons, sur les fers, sur les machines, sur les houilles ; si, ayant acquis, il est vrai, une des conditions nécessaires pour produire le bon marché, d’avoir les vivres, les vêtemens, les matières premières à plus bas prix, on croirait cependant avoir acquis toutes les conditions nécessaires ; et si, n’ayant ni l’expérience des Anglais, ni leurs capitaux, ni leur viabilité immense, on voudrait cependant lutter avec eux pour faire toutes ces choses. Quand tout le monde aura accepté la suppression simultanée de tous les droits, et que les fers, par exemple, privés du droit qui les protége, ne supporteront plus, pour leur part, le droit qui protége l’agriculture et la navigation ; quand le marché sera accepté, alors on pourra agir, non plus à l’égard d’une seule industrie, mais à l’égard de toutes sans exception. Alors seulement il y aura justice.
« Jusque-là, nous ne pouvons admettre le raisonnement qui fait dire que le fer coûte cher à l’agriculture et à la navigation ; car les deux dernières coûtent aussi à tout le monde. Ce raisonnement part d’un point de vue étroit, du point de vue de l’envie ; il mettrait la guerre civile dans le pays. Le point de vue véritable est celui-ci : l’industrie du fer peut-elle se développer en France ? A-t-elle fait assez de progrès pour nous donner l’espérance du bon marché ?
« Le droit qui la protége est-il suffisant ou exclusif pour le but qu’on se propose ? »
Remarquez d’abord que la question posée par le ministre était celle-ci : Le droit à l’abri duquel se développent les fers n’est-il pas trop élevé ? et qu’il y fait cette réponse : Non, l’agriculture et la navigation n’ont pas le droit de dire que le fer coûte cher, attendu qu’elles aussi coûtent à tout le monde. Mais combien coûtent donc l’agriculture et la navigation ? Le droit qui les protége est-il de plus de 170 pour 100 comme celui qui protège les fers ? Alors, sans doute, elles n’auraient pas le droit de se plaindre de la cherté du fer ; il resterait à savoir ce qu’en penserait tout le monde ; mais si le droit protecteur de la navigation et de l’agricul-