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Bade, la Prusse par les Hesses, les relations de ces deux puissances avec leurs annexes subissaient de continuelles entraves.

Un vague, mais profond sentiment d’unité et de fédération circulait cependant en Allemagne. Dans les actes du congrès de Vienne se trouvait déjà le germe des unions commerciales pour constituer l’esprit allemand, l’unité allemande. La Prusse et la Bavière mirent à profit ces élémens si bien préparés pour les intérêts de leur politique.

Le 12 avril 1827, un traité, confirmé par acte du 18 janvier 1828, intervint entre la Bavière et le Wurtemberg, supprimant les lignes de douanes entre les deux états, et constituant leur union commerciale.

Le 14 février 1828, même acte entre la Prusse et le grand-duché de Hesse. Le 17 juillet 1828, adhésion à ce traité par les principautés d’Anhalt.

Enfin, le 24 septembre 1828, acte d’association entre le royaume et les duchés de Saxe, le Hanovre, l’électorat de Hesse, les duchés de Brunswick et de Nassau, les principautés de Reuss et de Schwartzbourg, et les villes de Francfort et de Brème. Le traité signé à Cassel contenait la disposition suivante :

« Pendant trois ans, les états alliés s’engagent à n’adhérer séparément à aucune union étrangère. Il y aura, chaque année, une réunion annuelle des députés des états associés ; les routes seront améliorées, le système de douanes adouci ; les droits de transit ne pourront pas être augmentés ; les traités à conclure avec les étrangers, ou les représailles à établir, seront délibérés en commun. La Saxe royale est chargée de la direction de l’union. »

Ainsi, à la fin de l’année 1828, l’Allemagne comptait trois associations commerciales : l’une dirigée par la Prusse, l’autre par la Bavière, la troisième par la Saxe. Nous avons vu quel intérêt politique dirigeait les efforts des deux premières puissances. Voyons quel était celui de la Saxe. Il résulte d’un fait trop peu connu.

La Saxe n’avait jamais connu le système restrictif ; à part quelques droits d’octroi plutôt que de douanes, imposés à Leipsig, sur les produits étrangers, et très modérés, la Saxe avait toujours joui de la liberté commerciale. À l’esprit libéral de sa politique industrielle, la Saxe devait un immense développement dans ses manufactures ; c’est aujourd’hui un des foyers les plus actifs et les plus intelligens de la production européenne. La Saxe devait donc voir avec terreur l’invasion du tarif prussien, tarif qui, bien que ne contenant aucune prohibition, et seulement des droits pour la presque totalité beaucoup plus modérés, par exemple, que les