Elles ne guériront pas de l’amour enthousiaste, mais elles pourront enseigner l’hypocrisie dans le dévouement, l’égoïsme apparent dans l’abnégation. Elles pourront mettre en lumière une vérité trop méconnue : que l’affection la plus sincère a besoin, pour durer, de s’enorgueillir de l’objet aimé, et que la bonté la plus expansive ne suffit pas à nourrir l’amour.
Le style de M. Jules Sandeau est coloré, harmonieux, et, ce qui est plus rare, logique dans sa contexture. Les images s’enchaînent et ne se heurtent jamais. Parfois l’auteur se laisse entraîner à la description, mais cette faute n’est pas fréquente. Le parfum de poésie pastorale, qui imprègne la meilleure partie du récit, n’a rien d’importun ni d’artificiel. On est aux bords de la Creuse, on respire l’air embaumé des traînes, et le dialogue figuré des acteurs ne jure pas avec la scène. — Je conseillerai seulement de supprimer quelques pages sur le néant des professions. La chose, une fois dite, n’a pas besoin d’être variée comme un thème. C’est une pensée vraie dans la bouche d’Albert : mais la sobriété de l’expression ajouterait à la vérité. C’est le seul point sur lequel je puisse accuser l’auteur de diffusion. — Le reproche est facile à réfuter, une paire de ciseaux en ferait justice.
Le problème social qui a de tout temps, et surtout dans ces dernières années, occupé tant d’esprits élevés, celui de l’amélioration du sort des classes pauvres ; ce problème qui a déjà fait naître tant de discussions et soulevé de si effroyables réclamations, vient de donner lieu à une importante publication sous ce titre : Économie politique chrétienne, ou recherche sur la nature et les causes du paupérisme en France et en Europe, et sur les moyens de le soulager et de le prévenir ; par M. le vicomte de Villeneuve, ancien conseiller d’État, ancien député et préfet du département du Nord. Des recherches immenses, des faits et des notions statistiques du plus haut intérêt, voilà ce qui frappe, au premier aspect, dans les trois volumes de M. de Villeneuve. Des cartes indiquant par une variété de teintes plus ou moins foncées le nombre et les rapports des classes pauvres entre les divers départemens de la France, entre la France et les autres pays de l’Europe ; des plans de constructions agricoles destinées à réunir les pauvres en colonies, car c’est là un des moyens que l’auteur propose pour le soulagement et le bien-être des malheureux, tout cela abonde dans ce livre, dont le titre indique assez que ses doctrines différent de celles de l’économie politique telle qu’on la professe depuis Adam Smith.
Une belle édition de la Bible, traduite par M. de Genoude, se publie actuellement chez MM. Pourrat, frères, sous la direction de M. l’abbé Juste, officier de l’université. Le prix de chaque livraison, ornée de gravures sur bois, dues au burin de nos meilleurs artistes, est de dix centimes. Cette publication ne saurait être trop répandue ; la modicité du prix la met à la portée de toutes les bourses.