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L’ARÉTIN.

L’auteur de ces invectives était attaché à l’église et son patron était chef de la daterie romaine. Les anathèmes grossiers de Berni prouvent d’ailleurs que l’Arétin se faisait remarquer par la magnificence de ses habits, qu’il avait une espèce de cour composée de mauvais sujets et de pages de taverne, et que sa renommée de parasite insolent était bien établie.

Il retourna donc, tout furieux, au camp de son protecteur, qui sans doute trouva la chose plaisante, et doubla la dose de faveur qu’il avait accordée à son poète suivant l’armée. C’était en 1526. Jean poursuivait le capitaine Fronsperg, celui-là même qui peu de temps après devait mettre Rome à sac. Les impériaux se fortifient dans Governolo, près de Borgoforte. Jean va visiter la place ; un coup de fauconneau lui fracasse la jambe. Laissons parler l’Arétin ; la scène suivante est curieuse : elle donne une idée de l’espèce d’é-

    Giovammatteo* e gli altri ch’egli ha presso,
    Che per grazia de Dio son vivi, e sani,
    T’affogheranno ancora un de’ nun cesso.
    Boja scorgi i costumi tuoi ruffiani :
    E se pur vuoi cianciar, di di te stesso.
    Guardati il petto e la testa e le mani :
    Ma tu fai come i cani,
    Che dà pur lor mazzate, se tu sai,
    Scosse che l’hanno, son più bei che mai.
    Vergognati oggimai,
    Prosuntuoso, porco, mostro infame,
    Idol del vituperio, e della fame.
    Ch’un monte di letame
    T’aspetta, manigoldo sprimacciato,
    Perchè tu muoja a tue sorelle a lato ;
    Quelle due, sciagurato,
    Chai nel bordel d’Arezzo a grand’onore.
    A sgambettar che fa lo mio amore.
    Di queste, traditore,
    Dovevi far le frottole, e novelle,
    E non del Sanga, che no ha sorelle.

    *Jean Mathieu Giberti, dataire, maître de Berni