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Quant au fond même et à l’objet spécial de la lettre, nous eussions d’autant plus souhaité satisfaire M. Coëssin, que le mot sur lequel portait directement sa dénégation formelle et positive, le mot de sectaire, n’avait pas, dans la pensée de l’auteur de l’article, le sens selon lequel M. Coëssin en désavoue l’application à lui-même.

L’auteur de l’article croit devoir déclarer qu’il n’a nullement voulu dire, en employant l’expression de sectaire, que M. Coëssin fût sectateur ou fondateur d’une secte quelconque condamnée par l’Église, ce qu’il ignore tout-à-fait.

Il a simplement voulu, par cette expression, désigner l’ardeur et le prosélytisme d’un homme qui a formé autour de lui un groupe religieux dont la direction lui appartient.

Qu’après cela cette expression de sectaire implique avec elle l’idée défavorable d’un zèle erroné, excessif, d’un zèle qui s’exerce à côté de la vérité ; que le sens général de la phrase indique cette intention chez l’écrivain, c’est ce qui est hors de doute. Mais en s’exprimant de la sorte, au sujet de l’auteur des Neuf Livres et des Bulletins des enfans de Dieu, M. Sainte-Beuve n’a fait que porter un jugement que M. Coëssin est dans son droit de ne pas adopter, qui peut être admis ou rejeté ou discuté, mais un jugement qui rentre dans le droit commun de la presse et de la liberté d’examen.

Lundi matin. — La note précédente était écrite lorsque de nouvelles démarches, faites au nom de M. Coëssin, et d’une espèce toute différente des premières, nous obligent à des explications nouvelles. Nous maintenons pourtant ce qui était écrit pour prouver jusqu’où allait notre désir d’impartialité et de rectification.

Les réclamations de M. Coëssin, durant cette affaire de la quinzaine, se firent par lettres qu’apportait quelqu’un de ses disciples ; car le maître ne parut pas. Le premier envoyé se conduisit avec beaucoup de politesse et des formes parfaites de convenance. Mais il arriva bientôt au nom de M. Coëssin une autre personne d’une trentaine d’années environ, à la parole impétueuse, M. A. de Beauterne. Le nouvel envoyé commença par tâcher d’être poli ; mais l’indignation violente qu’il éprouvait de la phrase écrite sur son maître le poussait aisément hors des bornes. Le ton de sa demande devenait très vite un ton d’injonction, de sommation, et cela s’entremêlait de parenthèses assurément fort permises, sur les vertus éminentes de M. Coëssin. Quoique s’annonçant pour traiter l’affaire à l’amiable, M. A. de Beauterne n’avait pouvoir pour modifier en rien les termes de la première lettre de M. Coëssin, et il exi-