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LEIPZIG
ET
LA LIBRAIRIE ALLEMANDE.

Le temps n’est plus, me disait il y a quelques jours un vieux marchand de Leipzig, un homme qui a plus additionné de chiffres dans sa vie qu’un astronome ne peut énumérer d’étoiles au ciel, et qui, reportant toutes ses sensations dans l’étroite enceinte de son comptoir, pourrait faire l’histoire de son âme avec son livre de recettes et de dépenses ; le temps n’est plus où notre foire de Leipzig se montrait toute resplendissante d’or et d’argent. Alors on n’avait pas besoin, comme aujourd’hui, de ces belles boutiques établies à grands frais, de ces larges enseignes qui attirent de si loin les yeux du passant. Les plus grandes affaires se traitaient dans de misérables échoppes dont une marchande de harengs ne voudrait pas aujourd’hui, et des monceaux d’or se comptaient sur un tonneau dressé dans la rue.

Hélas ! le Temps n’a pas des ailes pour les laisser dormir, et une faux si tranchante pour la laisser s’émousser ! Hélas ! tout passe, tout s’en va, les grands empires comme les grandes foires. Au moyen-âge, quand les