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rait eu en vue les cérémonies du culte, ce qui y est nécessaire ; on aurait fait un plan, et si dans ce plan un clocher n’eût pu se raccorder, on l’eût construit à part, isolé, comme une tour séparée ; ou mieux encore on eût compris qu’un temple pseudo-grec ou romain n’est pas une église, pas plus qu’il n’est une bourse, ou un opéra. On eût donc fait une église, de même qu’à Anvers, à Rotterdam, à Amsterdam, à Londres, on a fait des bourses, c’est-à-dire des édifices ayant au centre une grande cour carrée et aérée où l’on peut se mouvoir et s’entretenir d’affaires, et des portiques à l’entour où l’on peut se mettre à l’abri des injures accidentelles du temps. Dans ces pays on ne comprendra jamais une bourse dans un édifice auquel on ne peut arriver qu’en traversant un parvis et montant vingt marches, exposé pendant la traversée aux rayons brûlans du soleil ou à des torrens de pluie, pour se trouver dans une salle d’agiotage. L’architecte de Notre-Dame de Lorette, en donnant son plan, ne songeait donc pas au culte, mais à l’effet qui résulterait pour le monument d’être vu depuis le boulevard ; l’architecte de la Bourse rêvait une belle ligne de colonnes et la perspective harmonieuse de l’édifice vu du coin de la rue Vivienne ; mais des usages et des besoins du commerce il en avait peu de souci, et l’on aurait pu, sans le contrarier, appliquer son œuvre à toute autre destination. Eh bien ! l’esprit des gens de l’art à l’époque actuelle, nous l’avons retrouvé, à l’exposition de 1834, dans tous les genres de produit qui ont pour base une portion quelconque de l’art. Nous faisons des étoffes, des tapis, des meubles, des bronzes, des bordures de tableaux, sans nous inquiéter le moins du monde si les formes que nous adoptons sont en harmonie avec les dispositions intérieures de nos demeures, avec leur aspect, avec nos usages domestiques, avec nos mœurs enfin. Nous contentant d’une ressemblance grossière, et ne pouvant atteindre aux prix qu’exigerait une fabrication solide, nous tolérons que les ornemens gothiques, au lieu d’être taillés dans un meuble, soient réunis par la colle forte, que les moulures rocailles de Louis xv soient en pâte fragile, au lieu d’être sculptées dans le bois, et nous restons au milieu de jolis colifichets, esclaves de notre maladresse ou victimes de celle de nos domestiques.

Le mot que nous venons de prononcer est le mot important et le principal en France. Le joli est tout, et ce mot a été répété par toutes les bouches à l’exposition de 1834. Le but même de l’exposition était que ce fût une jolie chose.


Paris est toujours en possession de la fabrique de bronzes. L’exportation à l’étranger est de 15 à 1,600,000 francs. Là encore nous retrouvons