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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

cette même fabrication ? Nous allons en indiquer le résultat sur la moyenne des trois années 1830, 1831 et 1832.

L’Angleterre a importé et acquitté annuellement 121,251,000 kil. de coton, près de quatre fois autant que la France.

En 1820 et dans les années qui ont suivi, elle exportait pour 400,000,000 de fr., valeur déclarée, de toutes marchandises produites par le coton. Malgré la baisse constante des produits, cette valeur déclarée est pour 1830-31-32 de 455,000,000, dont


108,000,000 pour 31,000,000 de kil. environ de coton filé.
320,000,000 pour les tissus, et
27,000,000 pour la bonneterie.


Les 55,000,000 d’exportation de la France, en 1832, se répartissent en


810,000 fr. pour 147,000 kil. coton filé.
33,550,000 Toiles peintes.
5,678,000 Calicots et percales.
14,579,000 Autres tissus, mousselines, mouchoirs, printannières, articles mélangés, tulles, gazes et passementerie.
583,000 Bonneterie.


Ici, comme pour la laine, nous voyons que c’est par le haut prix de la filature que l’industrie du coton se perd. La faible exportation de la bonneterie indique le point difficile.

L’exposition de 1834 vient à l’appui de l’enseignement que peuvent offrir les chiffres qui précèdent. La supériorité incontestable de nos produits, quand il s’agit du goût, du dessin et de la teinture, se prouve par les 25 à 30,000 liv. sterl., ou environ 6 à 7,000,000 fr. de valeur, pour lesquels l’Angleterre s’en procure tous les ans, reconnaissant que son habileté peut bien aller à les imiter, mais non à les inventer. La Grande-Bretagne travaille pour le peuple de tous les pays, et nous pour les gens d’un goût exquis ; elle a certainement le meilleur lot.

Deux grands centres de fabrication se partagent, en France, les toiles peintes, la Seine-Inférieure et le Haut-Rhin, bien que le sol français renferme encore un nombre d’établissemens recommandables que l’on peut rattacher à l’un ou à l’autre. La localité de l’Ouest, voisine des lieux d’arrivage de la matière première, s’exerce sur les articles pour lesquels un double transport serait une charge trop onéreuse. Elle fait le solide et le bon marché, et aujourd’hui qu’elle néglige moins le dessin et la teinture, comme on en a pu juger par les belles indiennes envoyées de Rouen, de Bolbec, etc., elle peut prétendre à un accroissement de prospérité. Les