Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/641

Cette page a été validée par deux contributeurs.
637
DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

L’Angleterre, dont la production en métaux est élevée à un si haut degré, qui exporte elle-même chaque année

25 à 30,000 tonnes de fonte brute ou mazée,
et 70 à 80,000 tonnes de fer en barres ou en verges,
tire cependant de l’étranger pour sa consommation
15 à 16,000 tonnes de fer en barres du nord,
c’est-à-dire près de trois fois autant que nous en recevons nous-mêmes. Le fer est un instrument de travail, on ne saurait en avoir trop, et l’abaissement des droits aurait des résultats incalculables pour l’agriculture, la marine et l’industrie du pays. Les maîtres de forges en souffriraient moins qu’on ne pense, l’exposition nous a révélé des progrès que nous attribuons plus au développement de la science qu’à la protection des prohibitions. Au reste, ce n’est pas à cette exposition que l’on peut juger de l’état actuel de l’exploitation métallurgique en France. Importante comme l’est cette industrie, on ne peut l’apprécier sur des échantillons qui laissent une idée trop imparfaite du travail qui a été nécessaire pour les obtenir.


Les travaux de préparation exercés sur les métaux bruts, pour en faciliter l’emploi dans les arts, ont fait les mêmes progrès que la fabrication des machines, sans lesquelles il n’eût pas existé de résultat possible. On remarque, sur les précédentes expositions, une supériorité incontestable dans les dimensions et la perfection de la main-d’œuvre pour le plomb coulé en tables, pour le plomb laminé, et pour l’étain en feuilles à étamage. Le laminage du zinc, du cuivre pur, du laiton, du bronze, et du fer amené à l’état de tôle ou de fer-blanc, l’emboutissage du cuivre pour fonds de chaudières, le moulage de la fonte, la conversion du fer en acier, et la tréfilerie du fer et du cuivre pur ou allié se sont également distingués. Nous nous réjouissons de voir préparer ainsi les élémens nécessaires à des industries d’une autre nature, d’autant plus que la prohibition absolue d’importation étrangère qui frappe sur presque tous n’est pas une des causes les moins fortes du haut prix des travaux de ces diverses fabrications.

Les instrumens d’agriculture, exposés isolément, n’ont offert aucun ensemble des moyens qu’emploie à présent cette branche précieuse de la fortune publique. La science agricole n’a pas été appelée d’une manière spéciale à l’exposition de l’industrie, et c’est par d’autres juges et dans un autre concours que ce qui s’y rapporte doit être apprécié. Cependant on n’a pas dû refuser ce qui était envoyé sous le titre d’outils fabriqués. Quelques charrues nouvelles, entre autres celle de Grange, des moyens de