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LES ADVERSAIRES DE M. DE LA MENNAIS.

notre admiration et notre respect pour ce prêtre éloquent, la manière dont il professe et dont il enseigne aujourd’hui la religion est trop favorable à la cause philosophique, pour ne pas reconnaître entre lui et nous sous des différences d’intimes affinités. Pendant que l’illustre écrivain achève dans sa retraite un traité dogmatique d’où ressortira, c’est notre espoir, l’identité de la religion et de la philosophie, consacrons quelques instans à examiner quels adversaires se sont élevés contre lui, à reconnaître le poids de leurs objections et la valeur de leurs attaques.

Il est convenable de nous arrêter d’abord devant Sa Sainteté le pape Grégoire xvi qui a donné à Rome, près St.-Pierre, le 7 des calendes de juillet, une lettre encyclique contre les Paroles d’un Croyant. Rome démantelée par Luther, dédaigneusement raillée par Montesquieu, que mit en lambeaux la philosophie du dernier siècle et qu’oubliait celle du nôtre, n’a pas manqué de conseils pour être invitée à la prudence. On lui a représenté qu’entre elle et le génie les armes ne seraient pas égales ; que ses condamnations officielles seraient pour elle la source d’un immense ridicule, et pour le condamné le moyen d’une immense notabilité. Mais persuadez donc les puissances aveugles et destinées à mourir ! Donnez donc aujourd’hui à un pape la conscience du siècle, ramenez donc à la raison ces Gérontes de la théocratie !

On nous assure que Grégoire xvi est hors d’état d’avoir rédigé lui-même son encyclique, si médiocre qu’elle soit. Mais comment la papauté ne peut-elle avoir à ses gages de plus habiles rédacteurs ? Peut-on lire une plus insipide oraison, quelque chose de plus étroit, de plus hypocrite, de plus fade et de plus cafard. On y trouve des phrases ainsi faites : « Nous avons dilaté les entrailles de la charité paternelle pour un fils que nous devions croire touché de nos avis… Nous prions le ciel avec instance de donner à ce fils un cœur docile et un esprit élevé, afin qu’il entende la voix d’un père tendre et affligé, et qu’il devienne promptement la joie de l’église, de l’épiscopat, du saint-siége et de notre faiblesse. Nous prévenons la chancellerie romaine que rien n’inspire plus de dégoût à notre époque que ces cafardises oratoires ; nous lui pardonnerons plutôt une haine ouverte, que ses hypocrisies emmiellées. Pour le fond des choses, la doctrine catholique sur l’identité de l’erreur et de la