Sais-tu que cela n’a rien de beau, Camille, de m’avoir refusé un baiser ?
Je suis comme cela ; c’est ma manière.
Veux-tu mon bras, pour faire un tour dans le village ?
Non, je suis lasse.
Cela ne te ferait pas plaisir de revoir la prairie ? Te souviens-tu de nos parties sur le bateau ? Viens, nous descendrons jusqu’aux moulins ; je tiendrai les rames, et toi le gouvernail.
Je n’en ai nulle envie.
Tu me fends l’ame. Quoi ! pas un souvenir, Camille ? pas un battement de cœur pour notre enfance, pour tout ce pauvre temps passé, si bon, si doux, si plein de niaiseries délicieuses ? Tu ne veux pas venir voir le sentier par où nous allions à la ferme ?
Non, pas ce soir.
Pas ce soir ! et quand donc ? Toute notre vie est là.
Je ne suis ni assez jeune pour m’amuser de mes poupées, ni assez vieille pour aimer le passé.
Comment dis-tu cela ?
Je dis que les souvenirs d’enfance ne sont pas de mon goût.
Cela t’ennuie ?
Oui, cela m’ennuie.
Pauvre enfant ! je te plains sincèrement.
Vous le yoyez, et vous l’entendez, excellente Pluche ; je m’attendais à