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UNIVERSITÉS ALLEMANDES.

naître pourtant qu’elle ne s’est pas illustrée dans toutes également. La philosophie, la théologie, la philologie ont jeté ailleurs un plus grand éclat, mais elle s’est élevée très haut dans les mathématiques, dans la jurisprudence, dans l’histoire naturelle, et je ne sache pas qu’aucune université présente comme celle-ci tant de beaux, larges et continus développemens dans l’histoire.

Aujourd’hui, Goettingue a donné une nouvelle importance à ses établissemens ; la bibliothèque s’est agrandie ; le cabinet public d’histoire naturelle, fondé par Blumenbach, et celui où le vénérable professeur a recueilli avec tant de soin des crânes d’hommes de toutes les nations, pour établir sa théorie sur les races humaines, ont reçu de nouvelles richesses : le jardin botanique est plus étendu et plus complet ; on a bâti un nouvel observatoire, une superbe salle d’anatomie ; on parle maintenant de construire un nouvel édifice pour l’université. Ne sont-ce pas là tout autant de signes de prospérité ?

Le nombre des étudians a diminué, il est vrai. Il ne s’élève guère à présent qu’à huit cent cinquante à neuf cents. Il a été autrefois de quinze cents ; mais cette diminution s’est fait sentir dans la plupart des universités allemandes. Cela tient à la jalouse autorité que certains gouvernemens exercent envers les universités, à la censure odieuse qui s’immisce jusque dans les leçons que le professeur devrait pouvoir faire librement et d’après sa conscience. Cela tient aux examens si rigoureux que doivent subir ceux qui se présentent pour prendre leurs inscriptions universitaires ; et puis il faut observer que le nombre des jeunes gens qui ont fait leurs études est déjà plus que suffisant pour occuper tous les emplois, et que la perspective de se traîner long-temps dans une inaction forcée à la suite des autres décourage ceux qui seraient tentés de prendre la même route.

Du reste, Goettingue conserve toujours le privilège d’avoir les étudians riches et étrangers. Plus de la moitié de ceux qui s’y trouvent aujourd’hui viennent de l’Angleterre, de la France et de la Suisse.

Quant aux professeurs, je ne crois pas que jamais l’université ait présenté une réunion d’hommes distingués en tout genre, d’hommes dévoués à la science, plus complète que celle qu’elle nous offre aujourd’hui. Il y a quarante et un professeurs ordinaires, quatre pour la théologie, sept pour la faculté de jurisprudence, neuf pour celle de médecine, vingt et un pour celle de philosophie, qui embrasse à la fois les sciences mathématiques et physiques, les lettres, l’histoire, la diplomatie, la statistique, la technologie, les arts mécaniques, l’architecture, et la philosophie proprement dite. On compte en outre onze professeurs extraordinaires et quarante professeurs faisant des cours libres et portant le titre de Privat-docent.