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nous l’avons déjà dit, portait les armes, le nom et la devise des Marana.

— Vous avez là une belle épée, mon camarade, dit don Garcia. — Vous devez être reposé maintenant. — La nuit est venue. Promenons-nous un peu, et quand les honnêtes gens de cette ville seront rentrés chez eux, nous irons, s’il vous plaît, donner une sérénade à nos divinités.

Don Juan et don Garcia se promenèrent quelque temps au bord de la Tormes, regardant passer les femmes qui venaient respirer le frais ou lorgner leurs amans. Peu à peu les promeneurs devinrent plus rares, ils disparurent tout-à-fait.

— Voici le moment, dit don Garcia, voici le moment où la ville tout entière appartient aux étudians. Les pillos n’oseraient nous troubler dans nos innocentes récréations ; quant au guet, si par aventure nous avions quelque démêlé avec lui, je n’ai pas besoin de vous dire que c’est une canaille qu’il ne faut pas ménager. Mais si les drôles étaient trop nombreux et qu’il fallût jouer des jambes, n’ayez aucune inquiétude ; je connais tous les détours, ne vous mettez en peine que de me suivre, et soyez sûr que tout ira bien.

En parlant ainsi, il jeta son manteau sur son épaule gauche de manière à se couvrir la plus grande partie de la figure, mais à se laisser le bras droit libre. Don Juan en fit autant, et tous les deux se dirigèrent vers la rue qu’habitaient dona Fausta et sa sœur. En passant devant le porche d’une église, don Garcia siffla, et son domestique parut tenant une guitare à la main. Don Garcia la prit et le congédia.

— Je vois, dit don Juan en entrant dans la rue de Valladolid, je vois que vous voulez m’employer à protéger votre sérénade ; soyez sûr que je me conduirai de manière à mériter votre approbation. Je serais renié par Séville ma patrie, si je ne savais pas garder une rue contre les fâcheux !

— Je ne prétends pas vous poser en sentinelle, répondit don Garcia. J’ai mes amours ici, mais vous avez aussi les vôtres. À chacun son gibier. Chut, voici la maison. Vous à cette jalousie, moi à celle-ci, et alerte !

Don Garcia, ayant accordé la guitare, se mit à chanter d’une voix assez agréable une romance, où, comme à l’ordinaire, il était